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Intervention de Marie Coquille-Chambel

Réunion du mercredi 22 mai 2024 à 15h30
Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

Marie Coquille-Chambel, membre du collectif #MeTooThéâtre :

Nous avons créé le collectif #MeTooThéâtre en octobre 2021, à la suite de la publication dans Libération d'une enquête de Cassandre Leray faisant état de faits de violences sexuelles qu'aurait commis Michel Didym, qui, en tant que directeur d'un centre dramatique national (CDN) et d'un festival d'écriture, était une personne importante dans le milieu du théâtre. Pourtant, lorsque l'enquête est parue, presque personne dans ledit milieu ne l'a diffusée. Personne ne s'est posé la question de savoir ce que signifie le témoignage de dix-huit femmes relatant des faits de violence allant du harcèlement sexuel au viol. J'ai alors écrit un texte, que j'ai publié sur les réseaux sociaux, indiquant que nous sommes sexuellement agressées et violées dans l'impunité et surtout l'indifférence générales des médias et du milieu du théâtre.

J'ai ensuite été contactée par l'autrice Julie Ménard, que j'ai rencontrée avec d'autres femmes du milieu du théâtre pour discuter de la façon de rendre visibles ces violences, dans la mesure où la médiatisation ne fonctionnait pas – le milieu du théâtre ne voulait pas vraiment les relayer et les médias ne s'intéressent pas aux accusés inconnus du grand public.

Nous avons décidé de lancer un hashtag. Les réseaux sociaux sont une façon plutôt simple d'avoir accès à une parole et de témoigner sans nommer les personnes mises en cause. Il s'agissait de dresser un état des lieux des violences que nous subissons, ce qui nous distingue d'autres hashtags du mouvement MeToo, tels que #BalanceTonPorc. Notre hashtag a rassemblé plus de 5 000 témoignages.

Nous avons ensuite décidé d'organiser un rassemblement devant le ministère de la culture. Plusieurs personnalités du théâtre et du monde politique s'y trouvaient. Nous avons demandé à des autrices et à des auteurs de nous écrire des textes pour dire ce qui se passait dans le milieu théâtral, afin d'aller au-delà des tweets de 240 caractères. Nous en avons tiré un livre, que je vous invite à lire. Il rassemble des témoignages intéressants sur ce qui se passe en coulisses et sur les plateaux.

À présent, notre ambition est de réunir des états généraux du théâtre pour que nous puissions nous poser des questions, en concertation avec des directions. Nous devons savoir comment faire si un comédien ou un metteur en scène est accusé. Nous devons établir un protocole clair, dont nous avons pris conscience, au fil des témoignages que nous avons recueillis et transmis aux institutions concernées, qu'il n'existe pas. Nous voulons désindividualiser au maximum ces choses-là pour assurer la protection de tous et de toutes.

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