De très nombreux documents mériteraient d'être déclassifiés. J'ai toutefois la certitude – c'est un chapitre de notre livre – que pour la période des essais atmosphériques, de 1966 à 1974, nous n'arriverons pas à reconstituer exactement tout ce qui s'est passé dans l'ensemble des îles, car les données manquent pour certains territoires. Certaines stations de mesure du CEA n'ont pas été activées, d'autres sont tombées en panne. De nombreuses informations font défaut. Le maillage prévu à l'époque n'était pas destiné à tracer les doses reçues ; c'est pourtant celui qui est employé actuellement pour accorder ou refuser des indemnisations. Étant donné le niveau d'exposition et de contamination, et les incertitudes associées, il est impossible de démontrer qu'en Polynésie, la plupart des gens n'ont pas été exposés à un seuil supérieur 1 mSv entre 1966 et 1974. C'est un constat scientifique ; déclassifier plusieurs centaines de milliers de documents n'y changera rien.