Pour avoir compulsé les archives de La Dépêche de Tahiti, je peux dire que dès 1966, les tirs étaient un sujet de préoccupation dans les relations internationales. La Nouvelle-Zélande, l'Australie et jusqu'à certains pays d'Amérique du Sud s'inquiétaient d'éventuelles retombées sur leur sol. Le même commentaire peut s'appliquer aux essais réalisés en Algérie ; des travaux ont d'ailleurs été menés sur leurs éventuelles conséquences sanitaires dans les pays voisins, comme la Libye.
Je ne saurais dire si l'IRNS a jugé que les essais pratiqués entre 1966 et 1974 présentaient des risques minimes, mais il faut surtout préciser que le seuil de tolérance à la contamination n'est pas une valeur absolue et automatique ; il dépend de chacun. On peut avoir été exposé à moins de 1 mSv et développer des maladies radio-induites ; à l'inverse, on peut avoir dépassé ce seuil et ne jamais présenter ces pathologies. Les cancers listés par le décret d'application de la loi Morin, indemnisés par le Civen, sont des maladies dites sans signature : il est impossible de savoir précisément ce qui les a provoquées. On peut en revanche estimer, comme le fait le Civen, que la probabilité qu'une exposition ait eu un impact sur ces maladies ou qu'elle les ait aggravées est suffisamment importante pour justifier une indemnisation. La question n'est pas de savoir si ces pathologies ont été causées ou non par l'exposition.