Quelques pages nous sont consacrées dans la non-réponse du CEA, de 2022. On nous y reproche certaines choses que nous n'avons pas du tout faites et je n'ai donc pas vraiment compris comment cette réponse avait été préparée, ni par qui.
Le jour suivant la sortie de Toxique, un article scientifique a été mis en ligne sur internet, en version auteur et disponible pour tous, dans lequel nous avons détaillé en grande partie nos méthodologies et nos résultats. En 2022, cet article a été publié de manière ouverte pour tout détailler, point par point – tous les calculs, toute la méthodologie. Tout ce que nous avons fait est ainsi explicite. L'article est écrit en anglais, certes, mais c'est le cas pour toute la littérature scientifique.
On nous a reproché d'avoir dit que le CEA avait fait une erreur dans la mesure du dépôt de la radioactivité au sol – il n'a pas pris la valeur consolidée de toutes les retombées de Centaure. Ce que nous avons dit, nous l'avons vu dans trois documents déclassifiés différents : nous ne l'avons pas inventé, c'est écrit noir sur blanc.
En parallèle de nos travaux, une équipe de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), à qui nous n'avons jamais parlé, a également publié un papier sur les dépôts de radioactivité à la suite des essais nucléaires français en Polynésie. Cette équipe, dirigée par le professeur de Vathaire, que vous allez auditionner, a trouvé exactement la même valeur que nous. Le CEA, lui, a retenu une valeur inférieure.
Cette valeur est très importante pour calculer les doses de tous les habitants qui vivaient dans la région de Papeete, partie de Tahiti comptant le plus d'habitants. Quand on corrige cette valeur et qu'on suit la méthode du CEA – c'est aussi celle que nous avons appliquée – on confirme que les doses ont été sous-évaluées.
Dans sa réponse de 2022, le CEA dit qu'il a pris une valeur de dépôt intégrée qui est supérieure à la nôtre. Or il trouve une valeur de dose inférieure. C'est tout simplement impossible scientifiquement : si A est inférieur à B et que B est inférieur à C, alors C ne peut être inférieur à A. Je n'ai donc pas compris cette réponse. La nôtre était simple : c'était juste n'importe quoi.