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Intervention de Hendrik Davi

Réunion du mercredi 5 juin 2024 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHendrik Davi :

Pour faire face aux enjeux actuels, l'université a besoin de moyens ; or l'effort de la France en recherche et développement (R&D) stagne et Bruno Le Maire exige un milliard d'économies supplémentaires. Voilà le principal problème auquel est confrontée l'université ! Mais l'urgence, pour le groupe Horizons et apparentés, est de jeter la suspicion sur la communauté universitaire en demandant une commission d'enquête et en justifiant sa proposition par un exposé des motifs digne d'un débat sur CNews. Ce n'est pas nouveau. Frédérique Vidal, Jean-Michel Blanquer et Gabriel Attal ont tour à tour repris à leur compte le fantasme obsessionnel du Rassemblement national – qui s'en félicite d'ailleurs – sur le prétendu wokisme islamo-gauchiste de l'université.

Aux termes de l'article 137 du règlement, les propositions de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête « doivent déterminer avec précision […] les faits qui donnent lieu à enquête ». Or votre exposé des motifs ne cite aucun chiffre. La plupart des postulats sont biaisés, quand ils ne sont pas carrément islamophobes. Vous citez certaines annulations de conférence, mais vous en oubliez d'autres tout aussi graves.

Pour cadrer votre commission d'enquête, vous auriez dû en rester aux principes. Tout d'abord, l'université doit demeurer autonome des pouvoirs politiques et des Églises. Cela commence par le respect des franchises universitaires, un principe datant de 1231 qui interdit aux forces de l'ordre d'intervenir dans les universités sans leur accord. Ensuite, l'université doit garantir la liberté d'expression des étudiants et des personnels ainsi que la liberté académique des scientifiques. Ce sont précisément ces principes qui sont mis à mal dans votre exposé des motifs. L'étude des discriminations et du colonialisme n'entrave en rien les valeurs de la République. S'attaquer à ces recherches, comme vous le faites, constitue une menace réelle pour la liberté académique.

À nos yeux, cette proposition de résolution n'est pas recevable. Nous aurions plutôt besoin d'une commission d'enquête pour examiner les conséquences des attaques terroristes du 7 octobre et de la politique génocidaire conduite à Gaza sur la liberté académique et la liberté d'expression !

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