Je travaille effectivement depuis longtemps sur la question de la dette, particulièrement sur le volet des dépenses. Si je devais qualifier le sujet, je dirais qu'il est d'abord économiquement important. La dette opère à la fois un transfert de richesses dans le futur, elle engage donc nos générations et celles de demain. La dette a un effet redistributif évident, à la fois entre générations, mais aussi à l'intérieur des groupes qui composent une société. Depuis Montesquieu et ensuite Marx, nous savons que la dette favorise les inégalités.
La dette constitue également un enjeu économique dans la mesure où elle a un effet sur la croissance. Cet effet n'est pas facile à observer, mais il est réel et probablement circulaire : la dette agit sur la croissance, qui elle-même agit sur la dette. De fait, si les ratios du traité de Maastricht mesurent le déficit et la dette par rapport au PIB, je privilégierai dans mes réponses les montants en valeur nominale voire des ratios par habitant (dépenses publiques par habitant, recettes par habitant).
Enfin, la dette est aussi un enjeu politique. L'économie politique de la dette, qui s'est extrêmement développée à la fin des années 1990, montre que le transfert de richesses entraîne un calcul politique : des agents gagnent, d'autres perdent et il existe des opportunités pour les dirigeants politiques de gagner des parts de marché politique par la dette et les déficits.
En résumé, cette dette constitue un enjeu majeur, à la fois économiquement, politiquement et en termes de justice sociale. Je la définirai comme un devoir de restitution, qui est différent selon qu'il s'agit d'un ménage, d'une entreprise ou d'un gouvernement.