Monsieur le président, madame la rapporteure, mesdames et messieurs les députés, en 1996, j'ai fondé et développé la société Fintech Industrie avec un associé. Basée à Albi, Fintech Industrie est une entreprise spécialisée dans les traitements de surface et la peinture industrielle. De 2015 à 2021, j'ai également occupé le poste de directeur général du Groupe FMH lors de l'intégration de Fintech Industrie à ce groupe familial. En 2015, Fintech Industrie employait 80 personnes, contre 120 personnes aujourd'hui. Dès 1997, j'ai décidé de rendre à la région ce qu'elle m'avait apporté en m'investissant au service de l'économie tarnaise, en devenant membre associé de la CCI Albi-Carmaux-Gaillac. Depuis janvier 2012, je suis président de la CCI du Tarn et vice-président de la CCI de la région Occitanie. Intéressé par les questions de transition énergétique et de mobilité, je dirige les groupes de travail sur l'hydrogène pour le réseau consulaire régional et national.
Je vais maintenant revenir sur le contexte économique et le soutien que la CCI du Tarn a toujours apporté à ce projet autoroutier. Je ne reviendrai pas sur la genèse de l'A69, qui a été largement discutée par de nombreux acteurs du territoire dans le cadre de cette commission d'enquête. Dès les années 1980, les CCI tarnaises, qui étaient au nombre de trois – Albi, Castres et Mazamet – se sont fortement engagées en faveur de la réalisation d'une infrastructure routière d'envergure pour le bassin économique Castres-Mazamet. La CCI du Tarn, créée en 2011 par le regroupement des anciennes CCI, a poursuivi son soutien sans faille à ce projet. Le 21 novembre 2016, les 36 membres élus de l'assemblée générale de la CCI du Tarn, tous chefs d'entreprises tarnaises réunis en séance publique, ont affirmé à l'unanimité leur engagement en faveur de la réalisation de l'autoroute en concession. Le 14 novembre 2022, par une motion votée à l'unanimité, la CCI a réaffirmé son soutien à l'A69, qui est la seule solution réaliste et réalisable dans un délai raisonnable.
Les raisons de ce soutien, bien connues et qui n'ont pas varié, sont les suivantes. Il s'agit, tout d'abord, de rétablir l'équité dans l'aménagement du territoire, en reliant Castres-Mazamet avec la métropole régionale en moins d'une heure, pour lui permettre ainsi de jouer un rôle de pôle d'équilibre de la région Occitanie. Les objectifs sont également de combler le retard d'infrastructures d'un des derniers territoires de France à se situer à plus d'une heure de toute infrastructure autoroutière, d'améliorer la visibilité du territoire et de proposer une nouvelle alternative de tourisme vert et de proximité, de fluidifier le trafic des poids lourds et d'améliorer les flux d'automobiles dans des conditions plus sûres et plus rapides. La CCI du Tarn insiste énormément sur ce point. Ce soutien est aussi motivé par la volonté de rendre le bassin sud-tarnais plus attractif pour les entreprises et de stopper le transfert d'entreprises vers des territoires mieux desservis, ce qui est l'urgence aujourd'hui ; de maintenir les emplois et les services existants et de faciliter les recrutements, de convaincre également les étudiants, et les enseignants-chercheurs de venir dans le Sud du Tarn, voire de s'y installer et de conserver les jeunes diplômés des écoles tarnaises ; de permettre aux salariés de s'installer à proximité de leur emploi, de diminuer les temps de trajet entre le domicile et le travail et de sécuriser ainsi les déplacements ; enfin de jouer un rôle sur la dynamique démographique, qui sera bénéfique aux centres-bourgs et centres-villes.
Je tiens à partager avec vous quelques données chiffrées. Nous attendons un désenclavement significatif depuis 40 ans. Nous disposons donc d'un recul historique suffisant pour être à même de comparer l'agglomération de Castres-Mazamet, unique pôle urbain sans voie express, avec Toulouse, et l'évolution indéniable des pôles urbains irrigués par une autoroute ou des voies express les reliant à la métropole toulousaine. La création d'une infrastructure routière sécurisée et rapide reste un vecteur de développement, comme le prouve l'essor démographique à proximité de l'A61, l'A62, l'A64, l'A66, l'A68 et de la RN124. Il suffit de comparer les données chiffrées fournies par l'Insee qui, vous en conviendrez, reste une référence incontestée.
À périmètre constant, l'agglomération de Castres-Mazamet est la seule dont la population est à ce jour inférieure à celle de 1975. Je vous adresserai le tableau comparatif de ces données pour neuf agglomérations situées en Occitanie et bénéficiant des voies express précitées. Celles-ci ont toutes vu progresser leur population, voire doubler leur nombre d'habitants. Seule l'agglomération de Castres-Mazamet a perdu plus de 6 500 habitants, soit 85 085 habitants en 1975 contre 78 503 habitants en 2020.
Sur la même période de référence, Carcassonne-Agglomération progresse de 28 095 habitants (+ 25 %). Le Grand Montauban progresse de 23 478 habitants (+ 50 %). La communauté d'agglomération de l'Albigeois, autrement appelée la « C2A », a vu sa population évoluer de 28 171 habitants (+ 52 %). J'adresserai à la commission ce tableau des plus significatifs.
D'autres indicateurs, non des moindres, sont actuellement dans le rouge. Selon les données de la direction générale des impôts, les ménages de l'agglomération de Castres-Mazamet sont parmi les plus faiblement imposés en Occitanie, ce qui est le signe d'un faible pouvoir d'achat. Cet indicateur se cumule avec un taux de chômage de 15,4 %, l'un des plus élevés d'Occitanie. En tant que chambre consulaire départementale, la CCI du Tarn est également en capacité de comparer les données relatives au nombre de salariés et d'entreprises. L'agglomération de Castres-Mazamet hérite d'un fort passé industriel, ce qui lui avait autrefois permis de bénéficier d'un nombre de salariés conséquents. Sur les 11 dernières années, l'intercommunalité de Castres-Mazamet a perdu 1 400 emplois, soit une baisse de 4 %. Cette baisse s'additionne aux plus de 10 000 salariés perdus 15 ans auparavant, en raison de l'effondrement de la filière textile. À titre de comparaison, sur les 11 dernières années, le Grand Montauban gagnait 3 500 salariés (+ 9,2 %), la communauté d'agglomération de l'Albigeois progressait de 1 650 salariés (+ 4,5 %) et Carcassonne-Agglomération gagnait 1 765 salariés (+ 4 %).
À la tête de la CCI du Tarn depuis 2012, j'ai pu voir évoluer deux territoires, celui desservi par l'axe autoroutier A68 au Nord du Tarn et celui se situant au Sud du Tarn, jusqu'alors oublié par les politiques d'aménagement du territoire.
Pour la communauté d'agglomération de l'Albigeois, mais aussi pour les intercommunalités de Gaillac-Graulhet Agglomération ou de Tarn-Agout, le nombre d'établissements qui se sont installés a quasiment doublé en 20 ans. Parallèlement, Castres-Mazamet, qui a été longtemps un territoire industriel, a vu disparaître une partie de ses entreprises, essentiellement des entreprises industrielles. Ces emplois ont été à moitié compensés par des autoentrepreneurs ou des entreprises de services qui recrutent peu de salariés, ce qui explique la chute des effectifs.
On observe un réel développement économique de l'agglomération albigeoise, mais également des secteurs situés le long de cette infrastructure autoroutière. Des villes telles que Saint-Sulpice-la-Pointe, Lavaur, Rabastens ou Gaillac connaissent aujourd'hui un important développement économique, qui ne se constate pas sur l'axe situé entre Toulouse et Castres, dans des villes telles que Cuq-Toulza, Maurens-Scopont ou Puylaurens. Cette autoroute représente donc un atout décisif pour l'attractivité du territoire. Elle permettra de faire naître d'intéressantes et fructueuses coopérations entre Castres et Toulouse, mais pas seulement.
Pour que l'A69 soit un catalyseur efficace de désenclavement et de développement du Sud du Tarn, nous avons conscience qu'il convient de préparer l'arrivée de cette infrastructure. Sous l'égide du préfet et du président du conseil départemental, un comité de développement territorial, instance collaborative baptisée « Codev A69 », a été créée pour inscrire l'A69 dans un véritable projet de territoire global. Ce Codev se compose de cinq ateliers : mobilité, cadre de vie, développement économique, perspectives agricoles et urbanisme. La CCI du Tarn et la chambre des métiers et de l'artisanat pilotent conjointement l'atelier sur le développement économique. Grâce à une soixantaine de participants, de nombreuses entreprises, des collectivités, des acteurs économiques et divers partenaires, nous nous sommes engagés dans la construction d'une vision de développement économique se voulant à la fois viable, équitable, ambitieuse et novatrice.
Notre volonté est de développer durablement le territoire du bassin Sud-Tarn, pris dans sa globalité. Nous cherchons effectivement à lui donner une colonne vertébrale solide en identifiant quatre principales ambitions. La première est de conforter notre territoire comme terre d'entrepreneuriat et de développer une offre de formation adaptée aux besoins et aux attentes des jeunes. La deuxième est de reconquérir la place de premier bassin industriel en Occitanie, en hors les métropoles. La troisième est de développer un tourisme axé sur le tourisme vert et de renforcer les activités de proximité. La dernière est de poursuivre le développement de l'attractivité et l'accessibilité du territoire.
Autour de ces quatre ambitions, nous avons décliné sept objectifs et défini les premières actions concrètes. Tout ceci est consigné dans un document intitulé « A69, l'autoroute de toutes vos ambitions », dont je pense qu'il est déjà à disposition de la commission d'enquête.
Beaucoup se sont interrogés sur les raisons de l'entrée de la CCI au capital de TSD et, apparemment, beaucoup s'interrogent encore et je voudrais répondre à cette interrogation. Tout au long de l'histoire, les CCI du Tarn ont été des acteurs majeurs dans la création et le soutien d'infrastructures de communication. Croyant en la réussite de cette infrastructure, nous avons voulu conforter notre soutien à l'A69.
Après nos échanges avec Atosca, nous avons participé dans un premier temps à l'identification d'entreprises susceptibles d'investir dans TSD. Dans un second temps, nous avons naturellement pris la décision d'entrer à son capital, via notre filiale STIV. Les CCI ont toujours été des partenaires essentiels pour le développement économique ; investir, créer et gérer des infrastructures fait partie de leur ADN. À l'heure actuelle, 97 CCI sont impliquées dans la gestion de 577 équipements et infrastructures répartis sur tout le territoire. Dans la lignée du réseau des CCI et avec le recul du temps, on peut mesurer la quantité et la qualité des efforts accomplis par les CCI tarnaises, non seulement pour leurs entreprises ressortissantes, mais aussi pour la population tout entière.
Parmi les principaux exemples d'infrastructures financées par la CCI du Tarn, essentiellement des infrastructures de communication et de mobilité, nous pouvons citer les gares routières d'Albi et de Castres-Mazamet, l'aérodrome d'Albi, l'aérodrome de Castres-Mazamet, la société IT Media, devenue IMS Network, en charge de déployer la fibre optique dans le Tarn Sud, ainsi que la SEM Every'pôle spécialisée dans la transition énergétique et les mobilités décarbonées, les zones d'activité d'Albi et de Mélou-Chartreuse à Castres.
Dans le cadre de sa mission visant à favoriser le développement économique local et régional, la CCI du Tarn s'est toujours impliquée dans la création, la gestion et le développement d'infrastructures diverses. Elle a souvent collaboré avec d'autres partenaires publics et privés dans ces projets.
La création et le développement d'autoroutes en France résultent généralement de collaborations entre différents acteurs au rang desquels figurent les collectivités locales, l'État, des entreprises privées et, dans certains cas, les CCI. Dans la logique de son histoire et comme elle l'a toujours fait, la CCI du Tarn participe au financement de l'A69 pour démontrer le soutien indéfectible des acteurs économiques du territoire Castres-Mazamet. On ne pourra reprocher en conséquence à la CCI du Tarn et aux trois CCI tarnaises qui l'ont précédée de n'avoir pas défendu de leur territoire.