Le texte sur lequel nous travaillons depuis plusieurs jours est difficile, complexe, lourd. C'est un texte qui touche chacun de nous au plus profond de son intimité et qui nous renvoie à des souvenirs forcément douloureux. J'aimerais, en quelques mots, exprimer les craintes qu'il m'inspire, en vous parlant d'un homme. En 2008, cet homme, atteint d'une maladie dégénérative, se retrouve privé de la vue en quelques jours, plongé dans le noir, de manière complète et définitive. Cette pathologie n'est pas mortelle, bien sûr, mais cette cécité violente le plonge dans une profonde dépression. Fin juin 2008, cet homme tente de mettre fin à ses jours. Dieu merci, il n'y parvient pas.
Le texte que nous examinons, et qui sera probablement adopté dans quelques jours, ne permettrait pas à une personne qui se trouverait dans cette situation d'accéder au suicide assisté – c'est heureux. Seulement, lequel ou laquelle d'entre nous serait en mesure, ce soir, d'affirmer avec force et certitude que cela ne sera jamais le cas, compte tenu de l'évolution des mentalités et des lois, dans dix, quinze ou vingt ans ? Personne.
Pour ma part, ce que je peux affirmer avec force et certitude est que si, en 2008, cet homme avait pu avoir recours au suicide assisté, je n'aurais pas été là ce soir pour vous en parler.