C'est un point central. Vous l'aurez compris, je suis favorable à une ouverture du droit vers l'aide à mourir. Cependant, je veux être très vigilant : je souhaite qu'elle ne puisse pas s'appliquer à des personnes par-devers elles. Les directives anticipées, comme vient de le dire posément et très justement notre collègue Juvin, sont rédigées bien en amont, dans des conditions qui peuvent être devenues caduques au moment présent, outre qu'elles peuvent avoir été inspirées par d'autres personnes. Je suis absolument défavorable à leur usage, même si je mesure que cela exclut de fait certaines situations. Entre deux écueils, je préfère celui qui protège les personnes les plus fragiles.
Je voudrais par ailleurs vous faire part d'un témoignage. Il y a quelques mois, je me suis rendu dans l'unité de vie protégée (UVP) d'un Ehpad, et la directrice m'a présenté deux personnes qui s'étaient mises en couple sur place ; manifestement, elles étaient heureuses. Pourtant, elles n'étaient plus en mesure de reconnaître leurs proches, ce dont ces derniers souffraient certainement. Je ne sais pas si elles avaient rédigé des directives anticipées mais si c'est le cas, elles n'y auraient peut-être plus souscrit ! Je le répète : je suis totalement défavorable à l'usage des directives anticipées dans le cadre de l'aide à mourir.