Le texte que nous examinons aujourd'hui s'intitule « proposition de loi visant à accroître le financement des entreprises et l'attractivité de la France ». À tout le moins, on doit vous reconnaître un petit mérite : vous avez l'art de la tournure la plus consensuelle. En effet, sur le papier, comment être en désaccord avec un tel projet ? Mais, comme souvent avec vous, les mots creux et acceptés masquent une politique qui l'est beaucoup moins. Une fois n'est pas coutume, votre recette pour renforcer l'attractivité est de déréguler.
Les petites entreprises françaises n'arrivent pas à obtenir des fonds suffisants auprès des banques, mais plutôt que d'améliorer leur accès au crédit, vous vous tournez vers la finance. Avec ce texte, vous permettez aux PME de recourir aux promesses d'action pour se financer – qu'importe si cela les expose à la voracité d'acteurs financiers plus puissants qu'elles !
En outre, vous facilitez les augmentations de capital, qu'importe que ces opérations soient décriées par l'Autorité des marchés financiers comme trop dilutives et peu transparentes ; qu'importe qu'elles soient réalisées au détriment des petits actionnaires et des actionnaires salariés, et sans la moindre garantie d'investissements !
L'exemple très concret d'Europlasma nous le montre. L'entreprise ne cesse de diluer son capital et de lever ainsi des fonds. Mais où vont-ils ? Ni les salariés des forges de Tarbes ni ceux des forges de Gerzat, rachetées par Europlasma, n'ont vu la couleur d'un investissement dans leur outil de travail. Qu'en sera-t-il de ceux de la forge de Valdunes ?
Votre vision de l'économie est désincarnée. Pour vous, ce qui se passe sur les marchés se traduit en investissements et en emplois. Mais c'est tout le contraire. La financiarisation expose les entreprises à des acteurs dont la seule quête est non l'emploi, l'implantation locale ou le développement territorial, mais le profit à court terme. Vous nous engagez dans une course pour déterminer qui de la France, du Royaume-Uni, de l'Allemagne ou des États-Unis sera le meilleur paradis pour la finance, mais à quel prix ?
Votre projet a toujours été celui-ci. Vous n'avez aucune hésitation à faire de la France le terrain de jeu d'investisseurs peu scrupuleux, qui prennent des parts dans des entreprises, promettent monts et merveilles aux salariés et aux dirigeants des petites entreprises, mais qui n'hésiteront pas à liquider leur investissement dès qu'il ne sera plus profitable. La Macronie est un accélérateur du plus dangereux des capitalismes financiarisés, alors qu'elle prétend vouloir un capitalisme durable, écologique, à visage humain, ce qui est tout simplement une chimère. Plus personne n'est dupe de l'impasse dans laquelle nous mène votre politique.
Vendredi dernier, l'agence de notation Standard & Poor's a fini par dégrader la note de la France. Cette décision vient sanctionner des années de politique de l'offre, les 60 milliards d'euros de cadeaux fiscaux par an offerts aux grandes entreprises qui n'ont rien fait d'autre que de creuser le déficit et la dette. Et vous osez nous parler d'attractivité ! Même les cabinets d'audit comme EY ou Trendeo – qui ne sont pas des repères d'Insoumis – soulignent que l'attractivité, ce n'est pas uniquement la finance à tout prix. La qualité des emplois, les infrastructures stables, les services publics de qualité sont des atouts de long terme appréciés par les investisseurs. C'est précisément ce que votre politique de l'offre menace.
Ne prétendez pas le contraire : au mois de février dernier, vous avez annulé par décret 2 milliards d'euros alloués à l'écologie et à la mobilité durable, près de 1 milliard d'euros consacrés à la recherche, 200 millions d'euros dédiés aux contrats d'apprentissage, 150 millions consacrés au plan d'investissement dans les compétences. D'autres secteurs connaîtront bien des coupes budgétaires, car vous vous obstinez à nous imposer une cure d'austérité.
Alors, si vous voulez tant accroître l'attractivité, commencez par planifier la transformation de l'économie, pour en faire la première économie adaptée aux bouleversements climatiques qui nous attendent. C'est plus que jamais d'actualité, puisque nous avons appris ce matin, dans la presse, que le réchauffement climatique s'accélérait encore et que les températures battaient un nouveau record. Si nous ne faisons rien, c'est tout notre système de production qui sera mis à plat. Si vous voulez plus d'attractivité, investissez, par exemple, dans le train ou le fret ferroviaire pour offrir aux entreprises un réseau de transport fiable et décarboné.
Je pourrais parler des entreprises clermontoises, dont les employés devant se rendre à Paris sont contraints de partir la veille, voire d'annuler leur rendez-vous, tant le train Intercités reliant Clermont-Ferrand à Paris est imprévisible. Lundi dernier, il avait encore quatre heures et demie de retard.
Rien de tout cela ne sera possible tant que nous suivrons à la lettre les demandes austéritaires de l'Union européenne. C'est la raison pour laquelle il faut voter pour la liste de l'Union populaire menée par Manon Aubry, le 9 juin, lors du scrutin européen. Les électeurs feront ainsi barrage aux listes de Renaissance et du Rassemblement national, dont aucune ne remet en cause la politique austéritaire européenne.