Ce débat sémantique est important. En effet, le choix des mots doit rendre la loi intelligible, ce qui n'est pas le cas ici. Les mots ont un sens, car les actes qu'ils décrivent auront une portée juridique, médicale, humaine et sociale. Ne doit-on donc pas préférer des mots qui disent la réalité des actes ? Sinon, ne risque-t-on pas de tromper sur des actes qui impliquent la société, les tiers, les soignants ? Quel sera l'impact sur ceux qui resteront ? Nous ne pouvons pas éviter ces interrogations.
Réfléchissons aussi au sens de la relation soignant-soigné. Ne risque-t-on pas de la modifier profondément ? Ce qui motive les soignants, c'est de prendre soin des autres et d'accompagner les personnes malades, en respectant à la fois l'obligation de ne pas s'acharner et la promesse de ne pas abandonner. Même si les mots tendent à euphémiser la participation et l'implication des tiers, des soignants, de la société, ne risque-t-on pas, avec les mots utilisés, de basculer vers la facilité de l'abandon ? Comment s'assurer que les personnes âgées ou en situation de handicap, qui éprouvent un sentiment croissant d'indignité, ne se sentent pas obligées de se poser la question du suicide assisté ou de l'euthanasie ? Ne devrions-nous pas garantir que les soignants se soucient en priorité de la vulnérabilité des plus faibles ? Ce titre II implique les soignants et la société tout entière : peut-on autant impliquer les soignants et donner un pouvoir de mort au médecin qui a instruit la demande ?
Ainsi, les termes du titre II décrivent l'inverse du soin médical. C'est la raison pour laquelle il faut clarifier ce qui serait légalisé, afin d'éviter de susciter des prises de conscience a posteriori et de la culpabilité.