L'euthanasie, loin de compléter les soins palliatifs, les contredit dans leur visée profonde. Il me semble donc essentiel de bien séparer les deux titres du projet de loi. Comment adopter un projet de loi consacré à l'aide à mourir, selon les termes pudiques que vous avez choisis, alors que nous n'avons pas encore assuré un accès aux soins palliatifs pour tous ? L'euthanasie et le suicide assisté sont présentés dans le texte comme s'ils prenaient le relais de soins palliatifs devenus impuissants, en une sorte de prolongement. Or, tous ceux qui sont au chevet des personnes qui vont mourir témoignent du fait que les souffrances peuvent être sinon toutes supprimées, du moins apaisées. Il me semble essentiel d'écouter les soignants : selon eux, il serait très dangereux de s'aventurer dans une remise en cause fondamentale du contrat de soins qui les unit aux patients.
Alors que les tensions auxquelles est soumis l'ensemble du monde médical sont particulièrement vives et que la dégradation de l'offre de soins, en ville comme à l'hôpital, risque de s'accélérer dans les prochains mois, il importe de s'assurer que tous les Français qui en ont besoin puissent bénéficier des soins palliatifs, donc les aider à vivre dignement, pour reprendre un terme que certains se plaisent à employer, avant de leur donner la mort.
Pour toutes ces raisons, je demande la suppression de l'intitulé du titre II.