Nous aurons beau être aussi précis que possible en écrivant la loi, cela ne changera rien si les moyens pour l'appliquer ne sont pas accordés. C'est pour cette raison que je ne suis ni pour ni contre cet amendement. Je constate seulement que, parfois, c'est vrai, les choses ne se passent pas comme elles devraient se passer. Nous avons tous connu des situations qui ne sont pas acceptables, dans lesquelles le patient n'est plus en mesure de décider quoi que ce soit et où rien n'est annoncé à personne, où l'on apprend par la bande – par mail ou par un autre canal – que les soins sont arrêtés. Parfois, le patient est jeune ; parfois, c'est le dernier parent encore en vie d'enfants qui ont déjà perdu leur premier parent ! Il faut alors l'annoncer à des enfants qui ne comprennent rien, parce qu'on leur avait dit l'inverse la semaine précédente.
Aucun médecin, aucun soignant ne provoque ce genre de situation par plaisir. Ils le font parce que l'hôpital public est à l'os, parce qu'ils n'ont même plus le temps d'échanger ni de rédiger des fiches de suivi, pourtant censées garantir la traçabilité des soins. À la fin, cela crée, presque par inadvertance, beaucoup de souffrance. Avant de vouloir être précis dans la loi en y inscrivant ce que chaque médecin, chaque famille et chaque patient doivent faire – quand le patient peut décider, c'est tout de même à lui de le faire –, il faut leur en donner les moyens !