S'agissant des freins, j'en identifie trois : le temps ; l'élaboration du savoir-faire pour organiser des exercices interopérateurs réalistes et complexes ; le partage d'informations classifiées entre opérateurs aux niveaux d'accréditation et aux architectures distincts. Les opérateurs travaillent à lever ces freins.
S'agissant des câbles sous-marins, nous les surveillons quotidiennement. Nous en sommes les gestionnaires bien davantage que les propriétaires, car ils coûtent très cher. Le dernier câble transatlantique a exigé plusieurs milliards de dollars d'investissement. Seuls les Gafam ont de tels moyens. En général, les câbles sous-marins sont des copropriétés.
Le câble le plus long que nous utilisons relie Singapour à Marseille, et rassemble une trentaine d'opérateurs de télécommunication au sein d'un syndic, ce qui en complexifie la gouvernance. Nous les utilisons et en assurons la maintenance, par le biais de notre filiale Orange Marine, mais nous en sommes rarement propriétaires.
Leur surveillance proprement dite est impossible, compte tenu de la profondeur à laquelle ils se trouvent – 6 000 mètres dans l'océan Atlantique –, à laquelle aucun sous-marin ne peut accéder. Des capteurs disposés le long des câbles permettent de savoir s'ils fonctionnent ou non. Notre connaissance de la sismologie permet de déterminer si une coupure est normale ou non.
Les coupures de câbles sont fréquentes ; elles occupent notre filiale Orange Marine, qui les dépose, les répare et en assure la maintenance. Les principales menaces pesant sur les câbles sont les éboulements sous-marins – le plus récent en a coupé quatre au large de l'Afrique – et, plus près des côtes, les arrachages par des filets de pêche.
Pour les années à venir, la capacité des câbles est insuffisante. Il faudra en poser d'autres. Toutefois, il est toujours possible de basculer le trafic d'un câble à un autre pour en assurer la redondance et l'écoulement. L'été dernier à La Réunion, deux des trois câbles étaient en maintenance ou en panne, et quatre câbles ont récemment été coupés au large de l'Afrique, mais de telles situations sont très rares.