En ce début de XXIe siècle, on ne peut que constater l'hybridité des conflits. La guerre ne se fait plus uniquement par les armes. Porter atteinte à un OIV permet de nuire gravement à la population, en l'empêchant de se nourrir et d'accéder à l'eau potable, voire à l'électricité. La paralysie de tout un pays met en cause sa défense.
Le conflit russo-ukrainien en offre un exemple. La cyberattaque de Kyivstar, principal opérateur de télécommunication ukrainien, a gravement nui aux capacités d'action ukrainiennes. L'attaque par drones de la centrale nucléaire de Zaporijia fait peser une lourde menace, en raison de la radioactivité et de la privation d'électricité, sur la population civile et militaire.
Cela doit nous inciter à redoubler de vigilance s'agissant de nos OIV, d'autant que nous pouvons être victimes d'attaques même en temps de paix, comme le prouve le vol de données personnelles dont a été victime France Travail les 5 et 6 mars derniers. Nous devons aussi être préparés aux conséquences des intempéries, en protégeant les barrages et les parcs nucléaires.
La France compte 249 OIV, dont les activités vont des transports à l'alimentation et de la communication à l'énergie. Leur champ d'action est large et varié. Plus de 60 % de l'électricité consommée en France est fournie par nos centrales nucléaires. Compte tenu de la nécessité vitale de ce produit, nous avons tout intérêt à préserver et à entretenir notre parc nucléaire.
La centrale nucléaire de Gravelines, située dans ma région des Hauts-de-France et surnommée « la géante », est la plus grande d'Europe. Un projet de construction de deux réacteurs EPR 2 sera soumis au débat public d'ici l'été. Bien qu'il puisse contribuer à la création de plus de 30 000 emplois et au développement de la centrale, des inquiétudes pèsent. Deux anomalies de niveau 1 ont été recensées en janvier 2024 ; le nombre d'accidents du travail est en hausse. À Flamanville, un groupe d'activistes de Greenpeace s'est introduit dans la centrale en 2022. Les habitants des alentours des centrales nucléaires s'interrogent à juste titre sur leur sécurité si celle des centrales est menacée.
Sécuriser notre parc nucléaire est d'une importance capitale, non seulement pour la santé des Français, mais également pour notre souveraineté et notre indépendance énergétique. Plus nous produisons d'électricité, moins nous en importons. La situation inflationniste, qui dure depuis plus d'un an, n'a pas épargné les prix de l'énergie. Quels sont les moyens consacrés par EDF à la protection de nos centrales des accidents et des intrusions ? Comment les concilier avec d'éventuels travaux d'expansion ?