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Intervention de Damien Maudet

Séance en hémicycle du jeudi 30 mai 2024 à 21h30
Prise en charge intégrale des soins liés au traitement du cancer du sein — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDamien Maudet :

« Heureusement que j'avais Patrick, Célia et Julie, sinon je ne sais pas comment j'aurais fait toute seule. On est en colère, on a mal. Ce cancer, il attaque le moral, le physique, l'intime, mais il peut aussi détruire financièrement. » Elles s'appellent Corinne, Sandrine, Myriam, Marie-Lucie ; elles viennent de Limoges, de Felletin, de Toulouse, de Paris. En France, une femme sur huit déclarera un cancer du sein et 99 % s'en sortiront s'il est traité à temps. Ce taux ne doit pas nous faire oublier les 12 000 femmes qui, chaque année, n'en réchappent pas, ni le combat quotidien des patientes. Estelle déclare : « J'avais 37 ans, je venais juste d'avoir la petite. J'ai fait un petit contrôle et on m'a appris que j'étais en stade 3, presque foudroyant. Alors on fait au plus vite : ablation du sein, ensuite les chimios, les ongles, les cheveux. » Corinne nous dit : « Ils m'ont enlevé une partie du sein, un muscle. J'ai mis un an avant de pouvoir relever le bras. Et l'hormonothérapie, ça fait si mal ! Pour randonner, j'ai dû prendre des anti-inflammatoires. »

En plus de la maladie, de la fatigue, des séquelles, cancer peut signifier précarité. Cette proposition de loi rappelle à juste titre les lacunes en matière de prise en charge. Les vernis à ongles, les crèmes ne sont pas remboursés ; la prise en charge des perruques est insuffisante. Le soutien psychologique est souvent synonyme de frais, tout comme l'APA, même si celle-ci diminue le risque de récidive. Une femme qui souhaite un suivi psychologique, physique et diététique déboursera entre 1 300 euros et 2 500 euros, sans compter les dépassements d'honoraires auxquels sont confrontées 80 % des patientes, notamment lorsqu'elles subissent une chirurgie réparatrice. On ne peut que regretter que les députés de la Macronie et du Rassemblement national aient supprimé les dispositions tendant à améliorer le remboursement de ces dépassements, laissant seules les femmes malades face à leur précarité.

Nous voterons pour l'article 1er , mais demandons des mesures plus ambitieuses. Il faut protéger les patientes au travail : un quart des femmes en situation d'emploi lors de l'apparition d'un cancer ne le sont plus cinq ans plus tard, et les indépendants peuvent se retrouver au RSA. Chers collègues, nous ne pouvons empêcher la maladie : faisons en sorte ne s'y ajoute pas la précarité. C'est bien pour cela que nous sommes ici.

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