Un projet de loi sur la fin de vie ne peut pas prévoir cyniquement le droit à mourir pour les Français s'il ne leur donne pas les moyens de vivre leur infirmité ou leur maladie dans la dignité et dans l'apaisement. Nous ne pouvons pas partager l'esprit qui consiste à vouloir accélérer la fin de vie si l'on n'a pas tout fait au préalable pour permettre au malade de vivre sa vie jusqu'à son terme et sans souffrance. Qu'une personne malade en état de grande souffrance souhaite mettre un terme au mal qui la tourmente, c'est humain et légitime. Toutefois, quand ce désir est le fruit d'une insuffisance de la société dans la prise en charge de la douleur, c'est un véritable crime collectif par négligence qui est commis contre le malade.
Les personnes en proie à la souffrance veulent non pas mourir, mais ne plus souffrir. Les professionnels que j'ai rencontrés sont unanimes : lorsque l'on propose un traitement adapté et un soulagement des souffrances au malade, son désir de mourir disparaît. La fin de vie n'est désirée que lorsque le soulagement de la souffrance n'est plus possible et que plus aucun médicament n'agit sur les causes de la douleur. Dès lors que la douleur éprouvée par la personne en fin de vie est prise en charge de manière efficace, la question de l'euthanasie ne relève plus véritablement d'un désir de libération causé par la maladie, mais d'un choix individuel et éclairé de l'individu d'en finir avec la vie.
Ces considérations d'ordre philosophique méritent toute notre attention, mais elles ne sont pas l'objet du texte. On comprend bien qu'à partir du moment où la douleur est prise en charge efficacement et que le désir… Je m'en tiens là, car mes papiers sont dans le désordre et j'ai dépassé mon temps de parole, excusez-moi !