Remplacer méthodiquement les termes de soins palliatifs par ceux de soins d'accompagnement rend illisible le cadre et les fondements constitutifs des soins palliatifs.
Plus grave que l'abus des mots, c'est le risque que fait peser cette loi sur la qualité même des soins donnés en fin de vie. L'index qui mesure la qualité du bien mourir dans chaque pays montre qu'on meurt toujours moins bien dans les pays qui autorisent l'euthanasie. Dans ce classement, la Belgique a été rétrogradée de vingt et une places entre 2015 et 2021, le Canada de onze places. Quelle place la France occupera-t-elle demain si l'euthanasie et le suicide assisté venaient à être légalisés ? Ne soyons pas dupes. Il n'y a nulle victoire à célébrer, nulle fierté dans laquelle se draper, car ce travail de déconstruction marque un déclin – celui de toute notre société qui, par la volonté de quelques-uns, rompt avec la fraternité, la compassion et la douceur dans laquelle le mourant doit reposer pour mourir sans violence. Au contraire, la société dans laquelle vous voulez nous plonger est celle de l'individualisme, du doute – avec cette terrible question : suis-je un fardeau pour les miens ? – et du renoncement puisqu'avec cette loi, ce n'est plus la souffrance que l'on cherche à supprimer, mais bien la personne qui souffre.