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Intervention de Jérôme Guedj

Séance en hémicycle du lundi 27 mai 2024 à 16h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Guedj :

Je ne suis pas le seul ici à avoir, au fil des témoignages et des discussions, interrogé mes certitudes, mes intuitions, et finalement revu certaines de mes positions. À l'issue de l'examen en commission spéciale, j'ai de vrais doutes. Soyons clairs : j'adhère au principe d'un droit nouveau, le droit à l'aide à mourir dans des conditions précises et définies. Mais, avant de me prononcer définitivement, je serai particulièrement vigilant sur plusieurs points.

Les soins palliatifs ne sauraient être dilués dans les soins d'accompagnement que le texte tend à créer ; il aurait d'ailleurs été plus simple de faire référence aux soins palliatifs précoces, qui existent déjà. Au-delà du renforcement nécessaire à leur répartition équitable dans l'ensemble du territoire national – c'est le sens de l'amendement adopté en commission à l'initiative du groupe Socialistes et apparentés –, il faut assurer leur montée en puissance : tel est l'objet de la stratégie décennale prévue par le texte, mais dont la temporalité et le rythme sont insuffisants. Par conséquent, nous vous demandons une nouvelle fois, madame la ministre, de vous engager à consacrer à ce sujet un projet de loi de programmation, afin que les parlementaires puissent en décider. Nous soutenons également la création de maisons d'accompagnement, mais nous veillerons à ce qu'elles demeurent dans le champ du service public et ne puissent être gérées par des opérateurs à but lucratif.

S'agissant de l'aide à mourir, mes positions ne sont pas dogmatiques : par rapport au texte, elles sembleront parfois conservatrices, parfois libérales. Je les résumerai comme suit : nous légiférons pour permettre à ceux qui savent qu'ils vont bientôt mourir et subissent des souffrances insupportables de mourir comme ils le veulent. Vouloir mourir, c'est pouvoir exprimer clairement son choix le moment venu – j'insiste sur cette temporalité. Les directives anticipées me laissent dubitatif : je ne souhaite pas qu'à 30 ou 50 ans, effrayé par la maladie d'Alzheimer et surtout par la manière dont notre société accompagne les malades, on dispose de soi-même à 80 ou 85 ans. J'ai néanmoins conscience qu'un tel document peut être nécessaire en cas d'accident : il serait terrible que ce texte ignore des questions, des débats, qui ont défrayé la chronique.

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