Imaginez la responsabilité de celles et ceux qui devront confirmer, collégialement, à un moment ou à un autre, que tel ou tel patient remplit les cinq critères qui ont été évoqués ! Cette décision, véritablement collégiale, doit être prise à l'issue de discussions entre les deux médecins prévus, mais aussi les autres professionnels de santé. En effet, les infirmières et les aides-soignants accompliront les gestes nécessaires auprès des malades. C'est pourquoi ils sont eux aussi demandeurs d'une décision collégiale, qui les protégera davantage.
S'agissant du volontariat des professionnels de santé qui seront chargés de l'aide à mourir et des soins palliatifs, je sais l'exigence morale défendue par ma collègue Geneviève Darrieussecq. Je place mes pas dans les siens en demandant à ce qu'il figure au cœur de notre projet.
Vous l'aurez compris, après quarante ans de vie professionnelle à soigner les autres, après des expériences personnelles, ma position sur la fin de vie a beaucoup évolué. Je respecte les avis des uns et des autres, y compris au sein de mon groupe, où certains sont opposés à ce texte. Toutes ces voix sont respectables.
Permettez-moi de vous transmettre un dernier message : pensez aux patients pour lesquels il n'y a plus d'autre chemin : ils doivent être au cœur de notre réflexion. Ils nous demandent de préserver leur dignité, d'abréger d'indicibles souffrances et de les laisser choisir la voie de l'apaisement. N'est-ce pas l'ultime preuve d'amour que nous pouvons leur apporter ?
Mes chers collègues, assumons la responsabilité de notre charge et l'honneur de conduire le beau débat qui s'ouvre avec sérénité et respect.