Intervention de Dr Sophie Moulias

Réunion du mercredi 24 avril 2024 à 18h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à l'accompagnement des malades et de la fin de vie

Dr Sophie Moulias, administratrice de la Société française de gériatrie et gérontologie :

Les Ehpad sont certes des domiciles, mais ils sont également des lieux de soins, au sein desquels les soignants sont trop peu nombreux. Les médecins traitants ne se déplacent plus en Ehpad, qui manquent également de médecins coordonnateurs. Ils sont donc des lieux de vulnérabilité majeure. Davantage que celle de la maltraitance en Ehpad, j'évoquais la question de la maltraitance entre un aidant épuisé ou malveillant et son proche, que l'on constate fréquemment. Les réalités de la vie peuvent conduire certaines personnes à la résignation ou à la malveillance. Les situations doivent être envisagées au cas par cas, d'où la nécessité d'une collégialité et d'une multidisciplinarité, afin que le patient et ses proches soient écoutés et entendus. Le discours du patient pouvant varier en fonction de l'interlocuteur, il est essentiel de pouvoir croiser les différentes paroles.

En tant que gériatre, je peux évoquer uniquement les personnes âgées, qui savent qu'elles vont mourir et qui ne bénéficient pas des soins auxquels elles devraient avoir droit, notamment l'accès aux soins palliatifs. La réalité est telle qu'en raison du manque de personnels ou de lits, une unité de soins palliatifs, à stade de fin de vie égal et douleurs insupportables égales, accueillera plus facilement un patient qui ne souffre pas de troubles cognitifs. Pour autant, les professionnels des Ehpad ne sont pas mieux formés que les autres, et les équipes mobiles ne suffisent pas à compenser. Si les personnes âgées demandent rarement à mourir, les proches peuvent parfois, pour différentes raisons, souhaiter que le déroulement soit accéléré. Le plan personnel d'accompagnement doit commencer le plus tôt possible et il est nécessaire, en cas de maladie chronique, de disposer de référents, mais également de médecins traitants et de structures, avec également un temps dédié. Je plaide depuis longtemps pour une consultation dédiée visant à expliquer ou encore à remettre des documents spécifiques. Cela pose toutefois la question du partage des informations et des dossiers médicaux entre les différents acteurs.

Je vous transmettrai, monsieur le rapporteur, les chiffres de l'euthanasie clandestine que j'ai cités, qui sont issus d'une publication.

Il nous semble impossible et indigne, dans le cadre de la République française, que tout le monde n'ait pas accès aux soins de façon égalitaire, en particulier dans le grand âge. Tant qu'un soin de qualité ne sera pas développé partout et pour tout le monde, il n'y a rien d'éthique à discuter de l'accélération de la mort.

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