La plupart des patients que je rencontre souffrent d'une maladie incurable et mon travail consiste à cheminer avec eux, les écouter, les informer et comprendre leurs souhaits. Si je suis en accord avec l'avis du CCNE, j'estime qu'il ne va pas assez loin. J'aurais l'impression, face à un patient que j'accompagne depuis longtemps et qui demande une aide à mourir, de l'abandonner en lui prescrivant seulement le médicament. Au regard des véritables relations de confiance établies, l'accompagnement doit impliquer les soignants, malgré la difficulté de la tâche. J'estime donc également qu'il ne faut pas hiérarchiser, et que le poids est extrêmement lourd pour les patients qui, après de longues souffrances, n'ont pas envie de mourir, mais nous demandent de les libérer. Alléger leur fardeau en prenant notre part me paraît donc être un acte constitutif de nos missions, qui devrait pouvoir être effectué en tout lieu. Je précise que les demandes sont rares, et je ne crains pas leur multiplication, car les patients ont envie de vivre.