Je suis en accord avec les conclusions du CCNE, mais pas avec les conditions extrêmement strictes. La réflexion éthique a été guidée par la reconnaissance de ces situations de souffrance, avec une responsabilité et un engagement de ne pas abandonner les patients. Si nous souhaitons reconnaître l'aide à mourir comme cette situation de souffrance en lien avec ces pathologies, il est de notre responsabilité d'accompagner jusqu'au bout la personne et de ne pas la laisser face à elle-même dans un geste qui peut être extrêmement difficile à réaliser d'un point de vue psychique. Les préconisations me semblaient donc traduire une volonté de ménager les soignants rétifs.
Je suis dubitative, car, dans le cas où le proche doit effectuer le geste, il n'a pas, de la même façon que nous, qui faisons face à ce reproche, la certitude de répondre à la demande de la personne. J'entends néanmoins que des proches puissent le souhaiter. Mais les demandes d'aide à mourir que j'ai accompagnées par des sédations profondes et continues m'ont toutes démontré que les patients et les proches sont extrêmement reconnaissants pour notre présence jusqu'au bout. J'estime que l'aide active à mourir ne peut être effectuée qu'en présence de ce triptyque : la demande, le professionnel qui s'y engage et le proche intégré à ce cheminement. Je m'interroge en revanche sur les répercussions qu'aurait, sur le proche, l'acte effectué seul.