Intervention de Dr Valérie Mesnage

Réunion du mercredi 24 avril 2024 à 18h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à l'accompagnement des malades et de la fin de vie

Dr Valérie Mesnage, membre du collectif « Pour un accompagnement soignant solidaire » :

Le collectif a été créé en septembre 2023 pour faire entendre une voix soignante différente de celles qui s'opposaient à toute évolution vers une aide active à mourir. Nous sommes aujourd'hui cent dix-sept soignants de spécialités et provenances diverses, confrontés aux situations de fin de vie de personnes atteintes de pathologies ou maladies graves et incurables. Au nom de situations de souffrances inapaisables, qui ne trouvent pas de réponse dans le cadre législatif actuel, nous souhaitons exprimer notre engagement à accompagner les demandes d'aide à mourir dès lors qu'elles seraient l'expression d'une volonté libre, éclairée, réitérée, et à soutenir et accompagner les proches. Nous considérons ce projet de loi comme une avancée sociétale et médicale qui nous permettra de répondre aux demandes des patients et de les accompagner tout au long du processus. Nous saluons également l'intégration, dans le périmètre des douleurs réfractaires, des souffrances psychiques ou existentielles, la place centrale accordée à l'équipe référente dans l'évaluation de la demande et l'importance d'une décision partagée.

Pour autant, certains critères d'accès peuvent être discriminants. La notion de court et moyen terme exclut des pathologies fatales à plus long terme, telles que les pathologies neurologiques ou le handicap lourd, source de souffrances inapaisables. Aucun pays limitrophe n'a introduit cette notion de terme, se focalisant sur la souffrance réfractaire. Le recours à un tiers pour les seules personnes dans l'incapacité physique de s'auto-administrer le produit létal nous interroge également. Considérer l'euthanasie par défaut entretient une hiérarchie de jugement moral envers la personne malade comme envers le soignant qui accomplit l'acte. Dès lors qu'une aide à mourir est envisagée, ne serait-il pas plus juste de laisser le choix de sa modalité à la personne malade ? L'implication d'un proche nous semble potentiellement préjudiciable. La possibilité de recourir à une aide active à mourir sur directive anticipée nous semble devoir être débattue dans les situations de troubles de conscience irréversibles et de démences neurodégénératives. Les directives anticipées nécessiteraient donc d'être extrêmement explicites sur la limite que ces personnes ne souhaitent pas franchir.

Il est enfin indispensable qu'une formation spécifique précède la mise en application de la loi. Ce temps d'acculturation à l'accompagnement de la fin de vie devrait permettre d'apaiser les tensions fortes qui émanent aujourd'hui du monde soignant.

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