Nous partageons cet objectif. La Banque centrale européenne est la plus avancée en matière de verdissement de sa politique monétaire. C'est vrai des titres d'entreprises que nous achetions quand il y avait l'assouplissement quantitatif (QE, quantitative easing ) et que nous conservons, mais aussi des titres que nous prenons en collatéral, c'est-à-dire en garantie des refinancements que nous faisons vis-à-vis des banques.
La question est celle de l'appréciation du risque climatique. La contribution la plus efficace est d'apprécier la trajectoire des entreprises, et pas seulement leur niveau absolu. Tel est notamment l'objet de l'indicateur climat. Je ne donnerai pas de nom, mais le moyen le plus efficace pour une entreprise de réduire le risque climatique, c'est de diminuer significativement son niveau d'émission de CO2. Il faut aussi, de temps en temps, des exclusions. Nous en avons dans toute la politique d'investissement de la Banque de France, alignée sur le portefeuille 1,5 degré. Là encore, nous sommes pionniers.
La question du taux d'intérêt pour les énergies renouvelables est essentielle. Je l'associe à celle que M. Jolivet a posée concernant le secteur immobilier. Je dois avouer nos limites : nous ne pouvons pas avoir des taux d'intérêt uniquement fixés pour soutenir tel ou tel secteur, quelle qu'en soit l'importance. La première fonction des taux d'intérêt est de garantir une inflation basse, donc des coûts de financement bas. Cela contribue beaucoup à la transition énergétique. Bien sûr, quand les taux d'intérêt étaient naturellement bas, parce que l'inflation était faible, c'était plus agréable pour tout le monde. Mais si l'inflation repart, non seulement nos concitoyens souffrent, mais l'investissement souffre aussi, car les taux de financement souffrent. La baisse des taux longs qui a commencé et la baisse des taux courts que nous allons engager sont la meilleure contribution au financement, y compris des énergies renouvelables.
Je vois des signes encourageants du côté des banques européennes : les banques financent au maximum les projets verts. La titrisation verte permettrait de dégager des marges supplémentaires.