Je vais le dire avec une infinie prudence : depuis vingt-cinq ans, nous avons malheureusement moins de croissance du PIB par habitant que la moyenne de la zone euro. Cela ne nous empêche pas d'avoir plus de pouvoir d'achat, notamment grâce à des transferts publics. Je ne fais donc ni cette corrélation ni la corrélation inverse. J'ai assez dit que je croyais au service public, mais celui-ci doit être efficace et tourné vers l'innovation.
Concernant la différenciation des taux pour la transition écologique, vous posez une question importante. J'exprimerai une prudence du côté de la banque centrale et un souhait du côté des banques commerciales. La banque centrale a un seul taux, et il n'a jamais été dans son rôle d'accorder des taux bonifiés pour tel ou tel secteur. Il peut s'agir de mécanismes budgétaires, mais la banque centrale n'a qu'un taux, qui correspond à une priorité : combattre l'inflation. Ce faisant, nous aidons la transition écologique, puisque nous maintenons les taux longs relativement bas et nous permettons des conditions de financement plus favorables. L'inflation, donc les taux élevés, serait l'ennemi du financement de la transition écologique. En revanche, les banques commerciales prennent de plus en plus en considération le risque climatique des projets pour accorder un financement et pour en définir les conditions. Cela relève de la politique de chaque banque commerciale. Des engagements sont pris, qu'il faut suivre et vérifier. Le travail que nous avons effectué avec l'ACPR et le Réseau pour le verdissement du système financier (NGFS) vise à affirmer que le risque climatique fait partie du risque financier. Ce n'est pas seulement une conviction personnelle, écologique et militante. C'est aussi une réalité financière et économique. Une banque qui ignorerait le risque climatique et qui refuserait une sorte de bonus climatique quand elle accorde ses prêts ne ferait pas un travail sérieux.
Enfin, vous connaissez mieux l'article 3 du Bulletin 245 de la Banque de France que moi ! La transition climatique est-elle en soi inflationniste ? C'est un sujet qui n'est pas simple. Je vous renvoie aux travaux du NGFS. Nous avons mis plusieurs scénarios sur la table, car cela fait partie de nos marges d'incertitude. Il est probable, mais pas du tout certain, qu'elle se traduise par un peu plus d'inflation chaque année. Le cas échéant, nous devons y être prêts et l'accompagner, mais la transition énergétique et climatique est un impératif absolu. Les scénarios disent aussi que plus nous attendrions pour la faire, plus elle serait coûteuse sur le plan économique.