Merci pour vos propos concernant la réunion avec le directeur départemental de la Banque de France à Lons-le-Saunier, Christophe Gourmand. Il se trouve que je me suis rendu dans cette succursale en février, et j'en profite pour dire que mon objectif est d'avoir vu l'ensemble des succursales de France d'ici la fin de mon deuxième mandat. Cela montre notre ancrage dans les territoires et la pérennité de notre réseau. C'est aussi un hommage à ceux qui y travaillent.
La stabilisation des dépenses en volume sera-t-elle suffisante ? Je serais tenté de mettre votre question en symétrique de celle de M. Sala. Cet objectif reste très ambitieux si nous parlons de l'ensemble des dépenses publiques, y compris les dépenses sociales et celles liées à l'effet du vieillissement, qui ne sont pas stabilisables en volume. J'ai d'ailleurs prudemment indiqué qu'il fallait tendre vers une quasi-stabilisation. Le programme de stabilité a encore une légère croissance en volume. Si nous arrivions à atteindre les chiffres qui y figurent, ce serait déjà un progrès sensible.
La comparaison européenne peut nous aider. La partie qualitative constitue un peu l'angle mort de notre débat de finances publiques : pourquoi avons-nous dix points d'écart de dépenses avec nos voisins ? Certaines mesures sont meilleures en France, mais elles n'expliquent pas cet écart. Je ne propose pas qu'on rattrape ces dix points d'écart, mais qu'on en rattrape une petite partie, en essayant de voir ce qui fonctionne le mieux dans chacun des pays européens. Cela aiderait à progresser, sans austérité et sans recul de la qualité du service public – et peut-être même, parfois, dans le sens que vous souhaitez.
Le sujet du crédit immobilier et de l'évolution des taux d'intérêt est central. Le crédit immobilier est très sensible aux mouvements des taux d'intérêt. Quand nous avions des taux records vers le bas en 2021 et début 2022, entre 1 % et 1,5 %, taux que nous ne reverrons plus, nous avions aussi des volumes de production exceptionnels vers le haut, que nous n'avions jamais vus et que nous ne reverrons plus non plus, entre 20 et 25 milliards par mois – ce qui se compare aux 6,7 milliards que vous avez rappelés. Une partie tient au cycle du crédit immobilier. De ce point de vue, ce qui se passe aujourd'hui est encourageant puisque j'ai relevé que les taux du crédit immobilier ont commencé à baisser en France, avant les taux de la BCE. En effet, dans la fabrication du crédit immobilier, il n'y a pas que les taux de la Banque centrale : il y a aussi les dépôts à vue, qui sont toujours à zéro, et les dépôts à long terme qui ont commencé à baisser à l'automne dernier, sous l'effet des marchés. C'est un mouvement positif.
Est-ce un phénomène d'offre ou de demande ? Sont-ce les banques qui ne prêtent pas, ou les Français qui ne veulent pas emprunter ? Jusqu'à l'automne dernier, on pouvait avoir un doute quant à la posture d'offre des banques. J'avais indiqué publiquement que nous avions l'intention de suivre de plus près le taux de refus et qu'il me paraissait souhaitable que les banques soient en posture d'offre. Je crois pouvoir dire qu'elles le sont et qu'elles le souhaitent. Je le vois dans leur comportement de prêt, leurs démarches publicitaires et les taux qu'elles fixent. Il n'y a donc pas de limite à la capacité de prêter des banques. Nos concitoyens hésitent encore à présenter un projet immobilier, de crainte qu'il ne soit refusé. Je crois pourtant que c'est le moment d'aller interroger sa banque et de la tester. Pour autant, il reste un problème en ce qui concerne la demande. D'abord, nombre de nos concitoyens ont effectué leur projet par anticipation, en 2021 et 2022. Ensuite, d'autres attendent la baisse des prix immobiliers ou la baisse des taux. Je crois que les conditions redeviennent très favorables. C'est le moment, pour tous ceux qui ont des crédits immobiliers, de tester leur banque et même plusieurs banques, en les mettant en concurrence.
Enfin, nous avions beaucoup parlé des critères du HCSF l'an dernier. Ce sont des normes de bon sens visant à éviter le surendettement. Je remercie ceux qui les ont saluées et j'indique qu'elles ne sont pas en cause, puisqu'une flexibilité de 20 % est appliquée et puisque les banques ne les utilisent qu'à hauteur de 15 % : autrement dit, elles pourraient prêter davantage. En somme, c'est surtout un phénomène de demande.
Le président parlera peut-être d'optimisme ou de confiance prudente, mais j'observe plusieurs signes avant-coureurs sur le marché du crédit logement. C'est aussi ce que disent les professionnels. Des projets se concrétisent et devraient se traduire dans les chiffres dans les prochains mois.