Concernant les dépenses de l'État, peut-on parler d'une politique d'austérité ? Il pourrait y avoir un débat terminologique. Peut-être ai-je retenu une description un peu simple, mais nous n'avons pas, en tout cas en France, de baisse générale des dépenses publiques. Le volume des dépenses continue d'augmenter. C'est peut-être un seuil.
Chacun d'entre nous peut avoir son jugement concernant les moyens des services publics. Je crois avoir assez dit ma conviction en faveur du service public. Ce n'est pas toujours seulement une question de moyens. Parfois, il en faut davantage. Parfois, c'est aussi une question de capacités d'innovation, d'autonomie donnée aux agents, de clarification des objectifs et de simplification. Je crois à la modernisation du service public, qui peut s'appuyer sur plusieurs leviers. Permettez-moi aussi de dire que notre force vient de la qualité des hommes et des femmes du service public. Je crois que nous avons cela en commun : je ne supporte pas le fonctionnaire-bashing ! On peut avoir une exigence d'efficacité vis-à-vis du service public sans basculer ni dans l'austérité, ni dans la critique facile des hommes et des femmes.
La baisse des effectifs de la Banque de France dont vous avez parlé est intervenue entre 2015 et 2020. Elle a largement correspondu à la réorganisation de notre réseau. Il y avait de nombreux départs en retraite. Nous avons voulu conserver une succursale dans chaque département, car nous tenons à notre présence sur l'ensemble du territoire – j'avais réagi assez vigoureusement à un rapport de la Cour des comptes qui proposait de nous regrouper dans des plateformes régionales. Nous avons défini une organisation entre des succursales qui rendent tous les services aux entreprises et aux particuliers, et des centres de traitement partagés, en back-office, dans des villes moyennes ou plus grandes. La nouveauté est que nous avons marqué, avec l'accord du conseil général de la Banque de France, la stabilisation des effectifs. Cela commence dès cette année pour les effectifs du réseau et ce sera le cas pour l'ensemble de la Banque de France après l'adaptation des caisses que nous devons malheureusement faire, à partir de la fin de l'année 2025. En Europe, la Banque de France aura les effectifs les plus importants après la Bundesbank – mais nous savons que l'Allemagne est plus peuplée – et nettement devant l'Italie, qui a pourtant une population similaire. C'est normal, car nous tenons à cette présence territoriale et nous avons quelques missions supplémentaires, dont le surendettement auquel j'attache la même importance que vous.
Nous avons en effet vu une remontée des dossiers de surendettement depuis l'an dernier. Même si nous observons plutôt une modération de la hausse depuis janvier, il y a bien une hausse. Nous ne savons pas encore bien quelle en est la part temporaire, qui peut tenir à un rattrapage après le covid ou aux difficultés liées à l'inflation, et quelle est celle de phénomènes plus durables. Nous tenons énormément à cette mission sociale de la Banque de France, et nous nous organisons en conséquence. Nous partageons votre vigilance.