Vous ayant écoutés attentivement, chers collègues, je vous remercie pour la qualité et la bienveillance de vos interventions, quel que soit votre groupe politique d'appartenance. En tant qu'enfant d'outre-mer, Océanien et Tahitien, je suis particulièrement touché par cette approche bienveillante à l'égard d'un sujet éminemment important pour les outre-mer.
Vous manifestez des craintes légitimes concernant la constitutionnalité du caractère obligatoire de cet enseignement, que je m'efforcerai de lever lorsque nous en viendrons à l'examen des amendements. Alors que d'aucuns estiment que nous aurions dû aller plus loin et être plus ambitieux, je soulignerais que notre ambition se lit précisément dans le caractère obligatoire de cet enseignement. Mais une proposition de loi ne peut pas régler tous les problèmes que nous rencontrons outre-mer. Avec Frédéric Maillot et Béatrice Piron, nous voyons celle-ci comme une pierre sur le chemin vers l'apprentissage et la valorisation de ces langues régionales.
Merci également d'avoir saisi l'esprit de ce texte : il ne s'agit pas d'opposer les langues, de chercher à mettre en danger la langue de la République, le français. C'est même le contraire car, comme vous l'avez tous souligné, le multilinguisme facilite la cognition et l'acquisition d'autres langues, notamment le français. Ma langue maternelle, le tahitien, m'a servi de porte d'entrée vers le français. Loin d'avoir une position communautariste dans le domaine linguistique, nous voulons favoriser la réussite scolaire de nos enfants d'outre-mer, mais aussi permettre à ceux d'entre eux qui ne maîtrisent pas totalement le français, de se servir de la langue régionale – maternelle, quotidienne, dans laquelle ils vivent leurs concepts autochtones – pour entrer dans une autre langue. Qu'est-ce qu'une langue ? C'est une manière particulière d'appréhender le monde. Le français, l'anglais, le tahitien ou le créole sont des mondes, des richesses. Merci, madame Bellamy, d'avoir dit de nos langues régionales qu'elles sont des joyaux. Nos langues, y compris le français, sont des joyaux pour la République.