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Intervention de Béatrice Descamps

Réunion du mercredi 22 mai 2024 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

La proposition de loi part du constat d'un plus fort taux d'échec scolaire dans les académies d'outre-mer. Cette situation résulte de nombreux facteurs, comme indiqué dans le rapport d'information de la délégation aux outre-mer sur l'enseignement dans les outre-mer dans les territoires en dépression démographique, dont notre collègue Max Mathiasin était corapporteur. Les conditions d'enseignement y sont plus difficiles en raison notamment de l'insuffisance des moyens humains, financiers et matériels. Le taux de décrochage scolaire est plus élevé que la moyenne nationale, malgré les progrès récents. La corrélation entre l'échec scolaire et l'illettrisme est régulièrement mise en avant.

Dans les académies de Martinique, de Guadeloupe et de La Réunion, la majorité des élèves pratiquent pourtant le créole à la maison, un bilinguisme de fait, dès le plus jeune âge, qui devrait être un atout mieux utilisé comme levier dans les apprentissages, notamment dans la maîtrise du langage et du français.

Notre groupe est convaincu de l'importance et de la richesse des langues régionales. Les atouts du bilinguisme ne sont plus à prouver. L'exposition précoce à une langue favorise son apprentissage efficace et la flexibilité cognitive de l'élève qui aura ainsi plus de facilité à apprendre une autre langue vivante. Les études réalisées outre-mer montrent qu'un enseignement s'appuyant sur la langue créole permettait un meilleur transfert des compétences et une plus grande assimilation des savoirs.

C'est l'une des raisons qui avaient poussé notre collègue Paul Molac à déposer une proposition de loi en 2021. Les langues régionales sont désormais officiellement reconnues comme un trésor national dont la valeur patrimoniale doit être protégée. Malheureusement, leur pratique diminue. Si la loi « Molac » a constitué une grande avancée, il reste du chemin à parcourir pour qu'elles soient plus et mieux enseignées.

Les auteurs de la présente proposition de loi rappellent à juste titre que le certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (Capes) existe pour le créole mais pas pour les autres langues régionales parlées dans les collectivités d'outre-mer. En outre, le Capes bivalent n'offre pas assez de places, ce qui peut nuire à l'enseignement des langues régionales. Or ses locuteurs ne peuvent pas totalement s'approprier une langue, qui ne s'apprend pas à l'école et qui ne s'entend pas dans la vie quotidienne des citoyens.

Au groupe LIOT, nous pensons qu'il faut envisager une modification de la Constitution afin de favoriser l'enseignement et la protection des langues régionales. En attendant, nous sommes favorables à ce texte visant à faire en sorte que les langues régionales soient enseignées dans les établissements scolaires tout au long de la scolarité dans les académies d'outre-mer. Cela étant, nous nous interrogeons sur son caractère obligatoire, ainsi que sur les moyens à déployer pour le rendre effectif. Rappelons qu'en dépit de la généralisation de l'enseignement des langues régionales à tous les élèves d'un territoire qui le souhaitent, inscrite dans la loi « Molac », aucun moyen supplémentaire permettant d'atteindre cet objectif n'a été engagé à ce jour.

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