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Intervention de Frédéric Maillot

Réunion du mercredi 22 mai 2024 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Maillot :

J'étais assis à cette même place, près du même collègue, quand Gabriel Attal, alors ministre de l'Éducation nationale et de la jeunesse, s'est dit favorable à l'enseignement des langues régionales. Mon âme créole a souri ce jour-là, heureuse de voir ma langue maternelle et paternelle, héritage de mes parents, reconnue au sommet de l'État. C'est alors qu'est née l'idée de déposer cette proposition de loi.

Ce texte aurait pu s'intituler « proposition de loi visant à lutter contre l'illettrisme et le décrochage scolaire par le biais des langues et cultures régionales. » Nous priver de notre langue et de notre culture régionale dans l'école, c'est une façon peut être maladroite ou involontaire de nous plonger dans le mutisme. La langue maternelle et paternelle est celle de la spontanéité, caractéristique que Google associe à l'apprentissage et à la motivation chez l'enfant, notamment dans le jeu où il est à la fois concepteur et réalisateur. Nous priver de notre spontanéité revient à nous plonger dans le mutisme, parfois tout le long de notre vie. J'ai été moi-même en décrochage scolaire, et c'est par le biais de groupes réunionnais comme Ziskakan et Danyèl Waro que j'ai découvert la formidable poésie qui m'a sauvé, la belle littérature de Georges Brassens. Et je ne suis pas ici un imbécile heureux qui est né quelque part, pour paraphraser ce poète.

Nous avons besoin de ces langues comme outil, passerelle pour mieux parler la langue de la République et nous faire comprendre. Il est arrivé à La Réunion que l'on demande aux enfants de lire une recette de tartiflette, d'en faire une étude de texte, de reconnaître le fromage utilisé. On ne mange pas de tartiflette à La Réunion – j'en ai mangé pour la première fois il y a deux ou trois ans. L'anecdote peut prêter à sourire, mais elle montre que l'enseignement passe par l'attachement à une langue et aussi à une culture régionale. Si l'on demande à un singe et à un poisson de grimper en haut d'un arbre, on trouvera toujours le singe intelligent et le poisson idiot. Si l'on nous demande toujours de réfléchir dans la culture de l'autre, différente car éloignée géographiquement de la nôtre, on sera toujours l'idiot, le décrocheur. Or chaque décrocheur est potentiellement un raccrocheur par le biais de la langue créole ou d'une autre langue régionale. Si la langue française est le soleil, les langues créoles sont la lune, et nous avons besoin des deux pour éclairer la réussite des enfants de nos écoles.

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