Sur le sujet des langues territoriales, je me suis toujours appuyé sur toutes les volontés, dans les rangs de la gauche comme au-delà. Le groupe Socialistes et apparentés soutiendra l'initiative de M. Frédéric Maillot et du rapporteur, que je remercie chaleureusement pour leur engagement en faveur de la défense de nos langues territoriales. Nous devons nous engager plus largement sur la question sans en faire une histoire de folklore et sans la minorer : par exemple, en soutenant la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, la modification des modalités d'examen – qui ne permettent toujours pas la reconnaissance durable des cursus bilingues –, l'attribution de dotations spécifiques ou encore l'instauration d'une véritable loi.
Nos langues exigent une politique urgente et volontariste d'aide, de soutien et de développement. Il en existe plus de soixante-dix dans notre pays, notamment dans les outre-mer. Ces langues sont une richesse exceptionnelle : elles font partie de notre patrimoine, mais en sont également le véhicule. Les langues sont un moyen très puissant de transmission et de cohésion. Elles sont la porte d'entrée de l'histoire locale, un lien de mémoire collective entre les anciennes et les nouvelles générations, mais aussi une compétence socio-économique précieuse. Préserver nos langues territoriales, dont l'appartenance au patrimoine français est garantie par la Constitution, et leur permettre de continuer à être parlées, comprises et transmises, c'est aussi préserver nos diversités locales, lesquelles sont les fondations d'une France riche dans son unité.
Il convient de ne pas renvoyer dos à dos – comme certains s'amusent à le faire – le français et les langues territoriales, celles-ci faisant partie de celui-là. L'ensemble concourt à la richesse de notre patrimoine. Le développement des langues territoriales ne portera jamais atteinte à l'existence du français, bien au contraire. Lors de la discussion d'un amendement relatif aux langues territoriales que je défendais dans le cadre de l'examen du projet de loi d'orientation agricole, notre collègue Castellani a déclaré hier dans l'hémicycle : « Les langues ne s'annulent pas, elles se multiplient. Si le créole, le basque ou le breton venaient à disparaître, ce ne serait pas uniquement préjudiciable pour les outre-mer, le Pays basque, la Corse ou la Bretagne mais pour la France tout entière, car ces langues font partie de notre patrimoine commun. »
La diversité linguistique de la France, la première d'Europe, est une richesse à laquelle les jeunes générations sont particulièrement attachées. Favoriser l'apprentissage des langues territoriales, qui plus est au bénéfice de la réussite scolaire, est une bonne chose. Dans le cadre du groupe d'études sur les langues et cultures régionales, nous avons eu l'occasion d'entendre plusieurs jeunes de différents territoires nous parler de leur scolarité en langue territoriale. Leurs récits confirment les arguments présentés dans l'exposé des motifs de la proposition de loi : maîtriser des langues diverses permet une meilleure réussite scolaire.
Nos territoires attendent que l'apprentissage des langues territoriales soit sécurisé par la loi.Nos jeunes générations attendent que l'apprentissage des langues territoriales soit sécurisé par la loi. Nous avons aujourd'hui l'occasion de poser une première pierre, de faire un premier pas vers la reconnaissance et la promotion de notre diversité linguistique dans l'ensemble du territoire français. C'est un déchirement de ne pas maîtriser correctement la langue de ses parents et de ses grands-parents du fait d'un défaut d'enseignement mais aussi de l'ombre d'un régime dictatorial qui en a interdit l'usage, comme de ne pas avoir l'orthographe correcte de son nom et son prénom sur son état civil – je parle d'expérience.
Pour ces raisons, le groupe Socialistes et apparentés votera pour cette proposition de loi. Je vous remercie – milesker deneri.