« Je soutiens les langues régionales et leur apprentissage […] d'autant plus qu'elles permettent souvent d'améliorer l'apprentissage du français. » Ces mots ne sont pas les miens mais je les fais miens comme vous les avez faits vôtres, monsieur le rapporteur. Ils ont été prononcés par le Premier ministre en 2023, lorsqu'il était ministre de l'Éducation nationale et de la jeunesse. L'enseignement des langues et cultures régionales favorise la continuité entre l'environnement familial et social d'une part et le système éducatif d'autre part, contribuant à l'intégration de chacun dans le tissu social de proximité. Dans les départements et régions d'outre-mer (Drom) et les collectivités d'outre-mer (COM), il existe sept langues ou groupes de langues régionales vivantes – parmi elles le créole, les langues mélanésiennes, le tahitien, le wallisien ou encore le futunien.
Cette proposition de loi a pour objectif de renforcer l'apprentissage des langues régionales afin de favoriser la réussite scolaire et de lutter contre le décrochage scolaire et l'illettrisme en outre-mer. Les langues régionales améliorent aussi l'apprentissage d'autres matières. Certains élèves, par exemple, comprennent mieux les mathématiques ou l'histoire en créole. Il faut donc pouvoir bénéficier de ce levier. Une culture régionale ne peut être séparée d'une langue : elles sont essentielles pour apprendre aux Français de tous les territoires qui ils sont.
Pour toutes ces raisons, les députés Démocrates abordent cette proposition de loi avec bienveillance. Il nous semble important néanmoins de soulever un point d'attention : si l'enseignement des langues régionales est permis à des fins de valorisation, il ne peut être rendu obligatoire. La Constitution énonce que les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France mais que la langue de la République est le français. L'élève et sa famille doivent continuer d'avoir le choix.
Fidèles à leur ADN centriste et pragmatique, les députés du groupe Démocrate voteront une nouvelle rédaction qui, sans amoindrir la portée du texte, le rendra concret et pertinent. Nous avons déposé un amendement en ce sens, qui propose également de concentrer l'effort sur les publics prioritaires, c'est-à-dire les élèves des écoles maternelles et élémentaires. Cela doit permettre un déploiement rapide et efficace du dispositif, qui pourrait ensuite concerner le secondaire. Vous l'aurez compris, nous sommes prêts à construire ce texte à vos côtés. Les langues et cultures régionales en usage au sein des académies d'outre-mer le méritent.