L'Europe cherche-t-elle véritablement à devenir une puissance en matière d'intelligence artificielle autonome ? Je n'en suis pas sûr pour le moment. Je prépare actuellement une thèse sur les rapports entre Google et l'État. Au fil de mes recherches, j'observe la volonté des gouvernants d'attirer les investissements étrangers, prenant acte d'une certaine manière que nous ne serons jamais en mesure de recréer un Google, un Microsoft, un Amazon, un Apple, ce qui est peut-être d'ailleurs vrai. Leur objectif consiste donc à attirer ces entreprises en France, pour faire en sorte qu'elles diffusent leur technologie et infusent le tissu économique national. Tel est le pari effectué par les Français et les Européens, en règle générale.
En conséquence, à mon sens, la question de la souveraineté numérique européenne est presque une fausse question. Je comprends l'usage rhétorique qui peut en être fait mais je ne crois pas qu'il s'agisse de la direction que nos gouvernants empruntent aujourd'hui. En réalité, la logique à l'œuvre semble plutôt d'attirer ces investisseurs, de profiter de leurs technologies, d'essayer de les utiliser à bon escient pour accroître le produit intérieur brut (PIB) et l'emploi, en espérant de ne jamais se fâcher avec eux, ni avec leurs États de tutelle. Telle est la manière dont je perçois les choses.