De la même manière, il est loisible de se demander si les démocraties qui rencontrent l'intelligence artificielle demeureront des démocraties.
Vous évoquez la nécessité d'établir des bornes. Cependant, votre question présuppose finalement une distinction nette entre le public et le privé, entre l'État et les entreprises. Or, en sociologie politique, nous savons bien que les liens entre ces deux entités un peu abstraites sont effectivement très importants, quelle que soit la nature des régimes, aussi bien en Chine qu'aux États-Unis, en France ou en Europe. La question me semble donc plus compliquée.
S'agissant des libertés, la reconnaissance faciale et biométrique constitue effectivement un sujet extrêmement majeur mais je crois que les représentants de la nation disposent aujourd'hui des moyens de commencer à réguler l'action de l'État. En effet, nous voyons depuis quelques années les pouvoirs publics investir ce champ. Par exemple, l' AI Act autorise sous certaines conditions l'usage des outils d'identification biométrique en temps réel à distance, c'est-à-dire le fait de reconnaître des gens, notamment à partir de leur visage.
Les cas mentionnés sont spécifiques mais larges ; ils permettent suffisamment d'exceptions pour que nous puissions craindre des dérives. Dès lors, s'il fallait renforcer la question des libertés individuelles et fondamentales dans le domaine de l'intelligence artificielle, il faudrait d'abord que la représentation nationale le fasse s'agissant de l'État, sans négliger évidemment la question des entreprises.