Au nom du groupe Renaissance et apparentés, je vous remercie pour vos interventions très intéressantes. Ce sujet me passionne et j'y travaille depuis quelques mois, tant pour la commission supérieure du numérique et des postes, composée de députés et de sénateurs, que pour l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. J'en suis arrivée à la conclusion que l'intelligence artificielle est comme la langue d'Ésope : elle peut être la meilleure et la pire des choses.
J'observe également que la France doit jouer un rôle particulier grâce à ses talents mais aussi à l'existence d'une politique publique qui porte ses fruits depuis 2018 et le rapport Villani. Plus récemment, de nombreux rapports ont également été produits, dont celui de la commission de l'intelligence artificielle, qui préconise d'investir 5 milliards d'euros. De même j'observe les annonces d'investissements en France effectuées par des entreprises comme Google, Microsoft, Amazon. Enfin, la France organisera un sommet très important sur l'IA en 2025. Je voudrais aussi rendre hommage à nos services publics, qui utilisent l'intelligence artificielle et opèrent ainsi un effort d'acclimatation de la population aux bienfaits d'une automatisation du travail.
Simultanément, la régulation est également une nécessité. Madame Mhalla, vous avez souligné la profusion de niveaux de régulation, en évoquant notamment l' AI Act de l'Union européenne. Ce dernier me semble intéressant, dans la mesure où il permet de réguler selon les risques et de rester sur cette ligne de crête, en évitant de tomber dans un excès de régulation ou dans un interventionnisme étatique trop marqué. Je pense à ce titre que l'avenir est sans doute à un traité international, comme il en existe pour la circulation aérienne ou maritime.
Il sera également nécessaire de s'occuper de la question des droits d'auteur, des impacts sociaux et des capacités cognitives. Pour garder la maîtrise, il nous faut conserver certaines compétences et surtout l'esprit critique. Aussi, pour revenir aux préoccupations de notre commission des affaires étrangères et aux enjeux géopolitiques, il est nécessaire de se pencher sur l'utilisation de robots tueurs qui violent le droit international humanitaire. Nous devons aussi nous intéresser aux enjeux démocratiques, environnementaux – l'IA consomme beaucoup d'énergie et d'eau – et de souveraineté.
Comment pouvons-nous nous prémunir contre les risques d'ingérence, compte tenu de l'intensification des investissements étrangers que j'ai mentionnés ?