Mes chers collègues, notre ordre du jour appelle ce matin la tenue d'une table ronde sur l'un des phénomènes les plus importants, les plus intrigants et dont il est très difficile de mesurer les implications : l'intelligence artificielle (IA). À bien des égards, celle-ci est présentée, comme le socle d'une révolution majeure dans la vie de l'humanité.
À ma connaissance, l'IA n'a pas de définition universellement admise. Il semble que ce soit l'ingénieur McCarthy qui a, le premier, utilisé cette dénomination lors de la conférence de Dartmouth en 1956, au cours de laquelle l'intelligence artificielle a été établie en tant que discipline à part entière. Parmi les définitions usuelles que nous connaissons, le Parlement européen considère que l'IA représente tout outil utilisé par une machine « afin de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité ».
L'intelligence artificielle représente l'aboutissement d'un processus d'artificialisation des mécanismes d'intelligence. Au sein de notre commission, sans savoir exactement les contours du bouleversement auquel il faut s'attendre, nous sommes absolument convaincus que le développement de l'intelligence artificielle affectera très profondément à la fois les relations entre les États, les relations à l'intérieur des États, entre les populations et les gouvernants, et les relations entre, d'une part, les grands acteurs économiques et technologiques et, d'autre part, la puissance publique.
Nous sommes tout autant convaincus qu'il s'agit d'un enjeu absolument central pour l'activité internationale d'un État comme la France. Avons-nous raté le coche ? Avons-nous pris le bon train, au bon moment ? Quels comportements négatifs devons-nous redouter ? Que pouvons-nous espérer ? Que devons-nous faire ? Telles sont les questions qui se posent, notamment, à nos intervenants.