Je crois en la pédagogie et je suis heureux que notre collègue Girardin, qui a étudié son sujet, nous ait proposé cet amendement en commission. C'est toujours bon qu'un Champenois participe à une réforme fiscale. Les terres en Champagne ont atteint la valeur qu'on leur connaît à cause de la spéculation, nous le savons, mais je vais vous raconter une petite anecdote qui plaira sans doute à l'extrême gauche.
J'ai habité en Champagne et mon père travaillait dans l'industrie lourde. Chaque année, les unions patronales se réunissaient avec les maisons de Champagne et c'était la surenchère pour revaloriser les salaires. Les syndicats des maisons champenoises insistaient fortement pour des augmentations toujours plus importantes en raison de l'excellent rendement des exploitations. L'industrie lourde a fini par quitter la Champagne car elle ne pouvait plus suivre.
Revenons à la fiscalité : il faudra la réformer, bien sûr, mais dès lors que le dispositif sera allégé pour les Champenois, il le sera erga omnes et les Ardéchois en profiteront automatiquement. En tout cas, il est impératif de baisser la fiscalité sur le foncier agricole pour maintenir le caractère familial des exploitations.
Quant à la dimension industrielle des exploitations, nous savons tous que, plus les charges sont lourdes, plus il est difficile d'atteindre le fameux point mort. Ce n'est qu'en augmentant la taille des exploitations que les agriculteurs y parviennent. C'est la réalité, monsieur le ministre ! Il suffit de voir le nombre d'hectares qu'un homme peut cultiver aujourd'hui par rapport à ce qu'il faisait il y a cinquante ans pour mesurer l'ampleur de cette révolution que l'on pourrait qualifier, en effet, d'industrielle ! Si l'on veut freiner ce processus pour atteindre l'objectif agricole que nous nous sommes fixé, il faudra s'appuyer sur la fiscalité.