Il prévoit d'inverser l'ordre des objectifs du développement agricole tels qu'énoncés par le projet de loi pour indiquer qu'il « vise au renforcement de la souveraineté alimentaire et accompagne les transitions agroécologique et climatique ».
Nul besoin de le rappeler, chacun de ces deux objectifs est légitime et nécessaire. Ils se distinguent cependant : l'un, d'une urgente actualité, exige une action immédiate, tandis que nous devons nous rapprocher de l'autre à l'horizon d'une décennie.
La défense de la souveraineté alimentaire de la France revêt en effet un caractère de priorité absolue. Je rappelle la réalité vertigineuse de quelques chiffres : nos exportations agricoles ont plongé de 15 % en 2023 tandis que nos importations ont continué d'augmenter ; nous sommes déficitaires à hauteur de 3,8 milliards s'agissant des fruits et légumes, et à hauteur de 3 milliards pour les viandes ; alors qu'en 2000, nous produisions près de deux fois plus de viande et de volaille que nous n'en consommions, la consommation excède désormais la production de 300 000 tonnes.
Si nous ne mettons pas immédiatement tout en œuvre pour y remédier, des pans entiers de notre agriculture nationale disparaîtront durablement. La perte de compétitivité entraîne celle de la production, puis des outils de production et enfin des savoir-faire.
En raison de cette dimension d'urgence absolue, la souveraineté alimentaire doit, selon nous, être placée en tête des objectifs du développement agricole.