Je voudrais d'abord répondre à deux objections. La première concerne notre absence et notre incompétence. Si nous sommes si inopérants, pourquoi effrayons-nous autant nos adversaires ? Ils savent que nous avons un vrai jugement et que nous sommes une vraie opposition.
Au Parlement européen, certaines règles s'appliquent à géométrie variable. Une règle voudrait notamment que l'opposition ait accès à un certain nombre de postes et de rapports. Nous sommes exclus de cette règle.
Sur le réchauffement climatique, je dirais que nous vivons dans le vrai monde, le monde de ceux qui sont excédés par vos normes, celui des agriculteurs qui n'arrivent pas à vivre avec 800 euros, celui des Français qui ne peuvent pas acheter une voiture à 45 000 euros, et celui de ceux qui veulent produire et qui sont empêchés de travailler.
Nous vivons d'ailleurs tellement dans ce monde que nous avons mis en avant la France des oubliés que certains ont découverte ensuite avec les gilets jaunes. J'ai pour ma part, manifesté avec des farmers hollandais il y a deux ans et demi alors que vous ne découvrez la crise agricole que maintenant. Le Pacte vert va consumer les systèmes politiques, comme au Pays-Bas.
En fait, vous êtes des progressistes qui ne croyez pas en la science. Les textes du Parlement européen sont faits de restrictions, de limitations ou d'interdictions : il n'y a aucune perspective scientifique. Des produits sont interdits alors qu'aucun produit de substitution n'est recherché et surtout des agendas intenables sont fixés. Les normes s'ajoutent aux normes.
Vous nous dites qu'il faut interdire les moteurs thermiques pour sauver la planète. Mais cela est décidé sans études préalables et sans s'interroger sur la production, le recyclage, ni la dépendance envers la Chine. Ensuite, après avoir blâmé les moteurs thermiques, vous découvrez la pollution avec les fibres de pneus et vous décidez de vous attaquer aux voitures les plus lourdes qui sont les voitures électriques. C'est sans fin.
La France a fait sa transition écologique dans les années 1970 avec le plan Messmer et le nucléaire. Pourtant, vous nous expliquez qu'il faut entraver le nucléaire. C'est une logique de destruction de notre potentiel énergétique.
Il existe des pistes comme l'hydrogène, dont Marine Le Pen a parlé dès 2005. Il existe beaucoup d'autres pistes qui ne sont pas étudiées par l'Union européenne, parce qu'elle se situe dans une logique décroissantiste.
L'Union européenne intervient dans notre vie quotidienne, mais ce n'est pas forcément pour notre bien. Ainsi, le traitement de l'énergie aboutit à l'explosion des factures énergétiques pour les ménages et pour les entreprises.
La politique menée concernant l'agriculture ou l'élevage annonce une augmentation considérable du prix de la viande. Ce sont les catégories les plus modestes qui en feront les frais. L'Union européenne s'invite dans nos vies mais pas de manière positive. Elle est d'ailleurs assez impopulaire.
Sur les accords de libre-échange, même leurs partisans s'aperçoivent qu'ils ne fonctionnent pas.
Il faut sauver la planète mais des cargos hyperpolluants sillonnent les océans parce que nous ne savons pas rompre avec la logique mondialiste, alors même que les États-Unis deviennent protectionnistes. L'Union européenne est la seule à n'avoir pas compris que le cycle mondialiste était fini. Pour notre part, nous ne sommes pas pour le libre-échange mais pour le juste échange. C'est pourquoi, bien évidemment, il faut des clauses miroirs. Les agriculteurs français sont la variable d'ajustement des accords de libre-échange.
Concernant la PAC, nous nous félicitons qu'elle ait été plutôt nationalisée. L'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne constituerait cependant une menace parce que tous les crédits de la PAC bénéficieraient à ce pays.
Sur l'intelligence artificielle, l'Union européenne n'a une vision que normative. Elle n'a aucun projet industriel, ou technologique, ou scientifique. Par conséquent, nous sommes une colonie numérique américaine.
Enfin, de nouvelles ressources propres seraient des impôts européens. L'Union européenne échapperait à tout contrôle. 800 milliards de dettes ont déjà été créés. Quand les capacités nationales d'emprunt sont épuisées, on crée un fardeau supplémentaire de dettes européennes.