Je voudrais avant tout vous remercier Monsieur Sannino d'avoir bien voulu prendre de votre temps, que nous devinons précieux, pour échanger avec la commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale.
Si nous avons souhaité nous entretenir avec vous c'est parce que vous êtes au cœur de l'action de l'Union européenne face à la guerre en Ukraine. Vous êtes, en effet, le responsable du service européen d'action extérieure, c'est-à-dire du service diplomatique de l'Union européenne. À ce titre, vous êtes le premier collaborateur de Josep Borrell, Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
À ce titre également, vous avez été l'artisan de la réaction forte et solidaire des vingt-sept face à l'attaque de la Russie contre l'Ukraine. L'Union a agi pour faire peser sur la Russie le coût de cette guerre en adoptant, à l'unanimité des vingt-sept, sept paquets de sanctions. Elle a aussi engagé de multiples mesures pour soutenir l'Ukraine et manifester sa solidarité vis-à-vis de son peuple : une aide macro-financière massive, l'accueil de près de 8 millions de réfugiés ukrainiens avec l'activation pour la première fois de la protection temporaire, des livraisons d'armes létales – ce que l'Union n'avait jamais fait jusqu'ici –, un soutien résolu aux enquêtes et aux poursuites relatives aux crimes de guerre…
Nous serions très intéressés par les précisions que vous pourrez nous apporter sur les nouvelles mesures que pourrait prendre l'Union. Quel pourrait être le contenu d'un huitième train de sanctions ? Dans un billet intitulé « Que pouvons-nous faire de plus pour l'Ukraine ? », le Haut représentant évoquait une limitation des visas délivrés aux citoyens russes et le déploiement d'une mission de formation des forces armées ukrainiennes. Pourriez-vous nous en dire davantage sur ces deux sujets ?
Nous serions également curieux de connaître votre analyse personnelle de la situation. Alors que la contre-offensive ukrainienne semble progresser chaque jour davantage, Vladimir Poutine choisit la fuite en avant. Les référendums d'annexion ne sont qu'un moyen trouvé par l'autocrate russe pour faire de son agression contre l'Ukraine une guerre défensive puisque les régions frontalières sont désormais des territoires russes. Ce narratif ne trompe personne mais il permet à M. Poutine d'agiter avec encore plus de force la menace d'un recours à l'arme nucléaire. Comment voyez-vous cette situation évoluer ?