Je suis d'accord avec ce qui vient d'être dit sur les directives anticipées. À partir du moment où une personne est dans un état d'inconscience jugé définitif, je ne vois pas en quoi les directives anticipées peuvent être dangereuses, dans la mesure où la personne a exprimé le désir que l'on ne maintienne pas la réanimation.
Les Britanniques ont été les premiers à réfléchir en profondeur à l'existence des soins palliatifs, qui font partie du système médical britannique. En France, ils sont marginaux, personne ne les connaît. Je ne vois pas en quoi une loi pourrait résoudre l'absence de formation, de professeurs, de services.
J'ai aidé à mourir. Je suis extrêmement sensible à la détresse des malades. Mais il risque d'y avoir un désaccord au sein de la médecine, et je pense qu'il faut trouver une loi qui permette aux médecins de se retrouver dans une aide à mourir qui tienne compte du patient. La conviction du médecin ne m'intéresse pas.
Dans les services qui traitent des patients atteints de la maladie de Charcot, les demandes d'euthanasie sont exceptionnelles. En faire un modèle d'euthanasie est excessif. Au moment où l'angoisse de mourir apparaît, le sentiment de liberté est étouffé par des conditions viscérales, organiques. Cette liberté est évidente quand on est en parfaite santé ; elle devient problématique au moment où l'on va mourir. J'ai aidé à mourir de nombreux malades par la sédation. Cette vision d'une médecine qui serait indifférente existe, mais elle mériterait d'être davantage enseignée à l'université.
Par ailleurs, je respecte tout à fait la position du CCNE, qui a réuni une majorité de membres, même si ce n'était pas la mienne.