Fin 2023, il fallait fixer un prix pour le premier trimestre de 2024. Nous avions trois demandes : la valorisation au juste niveau du prix de revient agricole, sa prise en compte pour l'intégralité du marché intérieur des PGC – produits de grande consommation –, et un changement de mode de calcul dans la formule de prix s'agissant des 30 % qui suivent l'évolution de l'indicateur beurre-poudre publié tous les mois par le CNIEL. Faute de consensus entre les différents collèges de l'interprofession sur le calcul de cet indicateur, il n'a pas été publié en décembre 2023. Dans ce genre de situation, l'accord-cadre signé entre l'UNELL et Lactalis prévoit que les parties se mettent d'accord sur une méthode permettant d'établir un autre indicateur. Nous avons fait des propositions, sans réponse. Début janvier, Lactalis, ne répondant à aucune de nos trois demandes, a décidé d'appliquer unilatéralement le prix de 405 euros pour 1 000 litres, sans autre discussion possible, ce qui a déclenché une partie des manifestations d'agriculteurs.
Mi-janvier, Lactalis a demandé une intervention du médiateur des relations commerciales agricoles afin d'établir le prix du lait pour le premier trimestre. Nous avons refusé cette médiation car nous ne voulions pas que son unique objet soit, comme pour les deux médiations précédentes, fin 2022 et en septembre 2023, de déterminer le prix du lait pour le trimestre suivant : nous voulions travailler sur la formule de prix et les indicateurs utilisés afin de trouver une solution de long terme.
Nous avons donc immédiatement proposé une autre médiation, portant sur les trois sujets que j'ai évoqués : le niveau du prix de revient, la proportion du prix de revient dans la formule et le moyen de quantifier le marché export et la cotation beurre-poudre. Lactalis a accepté, en ajoutant la fixation d'un prix du lait pour le premier trimestre au menu de cette médiation qui a débuté fin janvier. Nous sommes parvenus à un accord le 29 mars, dans le délai réglementaire de deux mois. Ce n'est qu'une première étape, mais nous avons désormais un prix de revient davantage en adéquation avec la réalité des producteurs, nous avons fait évoluer sa part dans la formule d'élaboration du prix et nous avons trouvé une solution intermédiaire concernant la cotation beurre-poudre, en attendant la publication prochaine de l'indicateur du CNIEL.