Il y a effectivement une déprise en termes de nombre d'exploitations, ce qui est somme toute logique compte tenu des restructurations qui sont menées depuis vingt ans. Mais il y en a une également s'agissant de la production.
Il faut en effet analyser la courbe de production. Avant les années 2000, on était à 23 milliards de litres. Avec la fin des quotas, la production a progressé, montant à 25 milliards. Depuis huit ans, elle est redescendue à 23 milliards et, l'année dernière, elle s'est établie à 21,5 milliards. Nous connaissons donc une chute assez vertigineuse de la production.
Ces dernières années, les arrêts d'exploitation avaient été entièrement compensés par l'augmentation de la taille des exploitations et des troupeaux. Depuis cinq ans, cette compensation s'essouffle, car l'élevage laitier est soumis à une contrainte liée à la main-d'œuvre, qui se constate à l'échelle internationale. Quelle que soit la taille du troupeau, que vous ayez 50 vaches ou 4 000, le ratio est constant : il faut 1 UTH (unité de travail humain) pour 40 à 50 vaches.
Si, pendant toute la période des quotas laitiers, les exploitations étaient bridées en volume, elles se sont fortement développées depuis la fin des quotas, compensant les arrêts qui ont eu lieu – principalement pour cause de retraite. Depuis trois ou quatre ans, la compensation n'est plus suffisante. Nous sommes donc sur une pente très négative. À ce rythme, nous ne serons plus autosuffisants en 2027 – c'est demain ! En tout cas, quelle que soit l'évolution de la tendance, la contrainte liée à la main-d'œuvre sera toujours conséquente. J'espère que les réalités économiques et sociétales évolueront pour attirer des jeunes afin de remplacer les départs à la retraite. Il faut absolument casser cette tendance, faute de quoi la souveraineté alimentaire deviendra un sujet urgent dans la filière laitière en moins de cinq ans, alors que celle-ci est aujourd'hui exportatrice.