Le modèle français est d'inspiration plutôt familiale. Il ne repose pas sur de grands groupes capitalistiques et des systèmes de dizaines de milliers d'animaux. Si cette spécificité française est assez partagée en Europe, ce n'est pas du tout la direction dans laquelle se développe le modèle mondial. Monsieur Forissier, vous seriez surpris de constater combien les choses ont changé en Argentine. On m'explique qu'il ne faut pas confondre le Canada et le Brésil. Or, JBS et Cargill sont les deux principaux producteurs, dans la filière bovine, non seulement au Brésil mais aussi au Canada et en Argentine. Ce sont des groupes qui ont leurs propres productions, avec des feedlots de 30 000 à 125 000 têtes.
Il est parfois difficile d'expliquer au grand public et à l'ensemble de notre représentation que notre système doit être protégé parce qu'il ne s'inscrit pas dans le système mondial de production de viande et que, contrairement à ce dernier, il offre des garanties au citoyen et au consommateur. Les acteurs du système mondial ont quant à eux bien en tête de fournir la protéine qu'il faudra. On peut paraître défensifs sur certains sujets, tout en essayant d'être offensifs sur d'autres. On essaie de vendre notre système sur d'autres marchés, mais la difficulté vient de la singularité de notre système, tant sur le plan économique que sur celui de la production.