Nous travaillons avec deux fédérations, Culture Viande et la FNEAP (Fédération nationale des exploitants d'abattoirs prestataires de services). Les groupes privés ne font pas appel à INTERBEV. Lorsque des abattoirs territoriaux sont impliqués, le sujet n'est pas discuté à Paris mais au sein de comités régionaux. On propose des éléments de réflexion, mais il faut avant tout trouver un modèle économique, auquel l'État pourrait contribuer.
Il n'est pas possible de perdre 3 à 4 % d'abattage par an et espérer conserver le même maillage, lequel est très déséquilibré, comme pour le ramassage du lait. J'ai travaillé dans un département où les derniers producteurs de lait ont disparu parce qu'il n'y avait plus de laiterie pour ramasser leur lait.
La contractualisation et le calcul des indicateurs sont, pour nous, la base de la rémunération des acteurs. La filière bovine a en effet besoin que l'on engraisse plus d'animaux en France. Le travail conduit par notre observatoire sur les cohortes de mâles montre que les exportations de broutards diminuent plus vite que les naissances. Il y a donc davantage d'animaux insérés, mais cela n'a d'avenir que si les producteurs s'y retrouvent. L'augmentation de la contractualisation concernant le jeune bovin témoigne d'une prise de conscience.
Je viens d'un territoire où l'on pratique très peu l'engraissement : près de 80 % des mâles sont envoyés en Italie. Mais quand on considère le bassin de production et l'abatteur, il faut aussi penser aux metteurs en marché, qui jouent un rôle important. Aujourd'hui, il est plus facile d'envoyer en Italie un camion de broutards dans lequel l'écart de poids entre le plus lourd et le plus léger est de deux kilos que d'emprunter les circuits français. Pour changer cela, il faut jouer sur la sécurisation et la rémunération.