Dans la filière ovine, les importations proviennent essentiellement de Grande-Bretagne. Le Brexit explique la baisse de 38 % des importations dans les données du rapport FranceAgriMer, en raison d'une réadaptation des flux d'importation.
Aussi paradoxal que cela paraisse, nous avons besoin d'importer des agneaux pour soutenir la consommation d'agneau français. À défaut, il risquerait de disparaître complètement des rayons. Cela étant, les conditions de production britanniques ou irlandaises d'agneau sont presque identiques aux conditions françaises, ce qui explique que la différence de prix entre ces produits ne soit que de 1 à 1,50 euro, alors qu'elle atteint un rapport de 1 à 3 avec la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou le Chili. En outre, l'agneau britannique à destination de la France est parfaitement adapté au marché français ; il n'y a pas de déchets. Ceux qui ne sont pas adaptés aux marchés français ou européen sont consommés en Grande-Bretagne. Ils parviennent ainsi à trouver un équilibre de production avec des prix inférieurs aux nôtres, mais ce ne sont pas eux qui nous posent problème.
La diversité des produits permet de segmenter le marché. Les agneaux produits selon une démarche qualité, qui sont la locomotive de la filière, sont suivis par les agneaux français classiques, souvent issus du bassin laitier, puis par les agneaux d'importation européenne, par exemple d'origine irlandaise. S'y ajoutaient les agneaux d'origine britannique avant le Brexit et ceux d'origine espagnole, avant que l'Espagne ne se détourne du marché français au profit du marché méditerranéen – par commodité et par souci de rentabilité, puisque le prix payé dans le bassin méditerranéen était supérieur à celui que nous pouvons payer en France. Ces agneaux espagnols, aujourd'hui disparus, approvisionnaient nos sites d'abattage et permettaient de couvrir les charges fixes. L'équilibre entre les productions ovine et bovine dans les abattoirs permet également d'atteindre un volume assurant une certaine rentabilité. Quand le site d'abattage termine l'année sans être déficitaire, il se dit : « ouf ! » Ce n'est pas là que la valeur ajoutée est captée dans nos filières animales.