Nous avons là une divergence. Nous n'avons peur de personne tant que les règles sont identiques pour tout le monde. Ce qui nous fait monter dans les tours, c'est que des gens puissent expliquer, avec une certaine malhonnêteté, que les Canadiens produiraient de la viande dans des conditions garantissant la sécurité des consommateurs français. Ce n'est pas le cas. Concrètement, les Canadiens ne savent pas faire de viande sans utiliser d'hormones.
Au-delà de la question du CETA, il ne devrait pas être possible d'importer ne serait-ce qu'un kilo de viande originaire de pays qui n'assurent pas la traçabilité de l'alimentation des animaux et de l'utilisation d'activateurs de croissance ou d'antibiotiques. Nous montons au créneau concernant le CETA parce qu'il pourrait constituer un précédent. Quand on voit ce qui s'est passé pour le mouton, on a extrêmement peur.
Lorsque nous exportons de la viande, les pays importateurs viennent vérifier que nous respectons le cahier des charges qu'ils ont validé. En l'occurrence, ce ne sera pas le cas pour la viande canadienne. Qu'importe qu'elle soit bonne ou non, elle ne respectera pas les conditions de production européennes.
Il ne faut pas non plus sous-estimer le volume d'importations estimé aujourd'hui : parce qu'il s'agit d'un accord provisoire, aucun Canadien n'a encore pris le risque d'organiser une filière à destination de l'Europe. Je peux vous garantir que, dès l'accord ratifié, ils commenceront à se préoccuper de notre sort et s'orienteront vers la production d'aloyau. Il faut comprendre que 65 000 tonnes d'aloyau représentent plusieurs centaines de milliers de tonnes équivalent-carcasse. Les négociateurs ne prennent pas en compte ce danger.
Il faut donc prendre en compte deux éléments : d'une part, les conditions de production au Canada, qui ne respectent pas les règles européennes ; d'autre part, le risque énorme de déstabilisation du marché, parce que les Canadiens pourront valoriser chez nous des produits qu'ils vendent chez eux au prix du haché.