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Intervention de Emmanuel Bernard

Réunion du jeudi 4 avril 2024 à 14h30
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Emmanuel Bernard, président de la section bovine d'INTERBEV :

Les causes sont multiples, mais la première tient au revenu. La situation est d'ailleurs la même dans la filière ovine. La production de viande mobilise une importante quantité de capitaux et présente de nombreuses contraintes en termes de travail, dont la rémunération n'est pas assurée. Cela n'explique toutefois pas tout.

La variabilité des revenus n'est pas aussi importante dans la filière bovine que dans d'autres secteurs agricoles. Pour les grandes cultures, par exemple, l'hétérogénéité des revenus est énorme, alors que dans la filière bovine, il n'y a pas un système, une région ou une race qui réussit mieux que les autres.

Une deuxième raison peut être trouvée dans l'assouplissement du couplage historique entre le versement d'un portefeuille d'aides PAC et la présence de vaches sur le territoire. Alors qu'on y attachait beaucoup d'importance depuis les années 1970, le nombre déclaré de vaches n'affecte plus autant le potentiel d'une exploitation. Les éleveurs, en tant que chefs d'entreprise, sont très pragmatiques : l'assouplissement s'est traduit par de la végétalisation et du retournement de prairie.

Une troisième raison tient à la pyramide des âges. Jusqu'en 2017, le nombre de vaches par éleveur n'a cessé d'augmenter, à hauteur de 0,7 à 0,8 vache par an. On a alors atteint une limite de productivité, qui est venue s'ajouter à un problème de rentabilité. Il n'y a pas autant d'économies d'échelle qu'on le pense : si l'on veut augmenter la taille d'un cheptel, il faut trouver du terrain et de la main-d'œuvre, ce qui représente des charges supplémentaires.

La faiblesse des revenus, la fin d'une certaine sécurité pour l'exploitation garantie par la présence de vaches et le manque de perspectives expliquent peut-être les choix qui ont été faits pour la filière. J'ajoute que la décapitalisation a entraîné l'augmentation du nombre d'animaux abattus et le maintien de l'approvisionnement de la filière : aussi les alertes lancées par les instituts et les éleveurs n'ont-elles pas eu l'impact nécessaire pour que l'ensemble des acteurs de la filière changent d'attitude.

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