La pratique est peut-être encadrée par la loi, mais elle donne lieu à de nombreuses dérives. Je vois beaucoup de maïs passer au méthaniseur. En repoussant les dates de plantation et en utilisant diverses astuces, le maïs devient une culture intermédiaire. Il n'empêche que, pour moi, ça reste une culture principale. Si on met du maïs dans un méthaniseur, les deux types de production entrent en concurrence directe. Un méthaniseur moyen coûte 3 millions d'euros et absorbe 30 tonnes de matière sèche par jour. À qui va-t-on faire croire qu'il n'est alimenté que par des effluents d'élevage ? C'est impossible ! Quand il y a des tensions dans l'apport de matière, il faut trouver une solution parce que la machine est en route. Alors on contourne la loi. Ceux qui le font sont des fraudeurs, nous dit-on. Ces fraudeurs sont aussi des gens qui subissent le système dans lequel ils se sont engagés, et qui sont obligés de nourrir une machine gourmande.
De manière similaire, le photovoltaïque génère un revenu non issu de la production agricole, ce qui induit une mise en concurrence des productions et une spéculation foncière. Cette production d'énergie peut même avoir des effets sur la transmission des fermes : un agriculteur retraité peut décider de garder ses terres pour y implanter des panneaux photovoltaïques. Encore une fois, cette mise en concurrence nuit à la souveraineté alimentaire.